ditz
alcopop


Ditz
The Great Regression – LP
Alcopop! records 2022

Réflexe pavlovien de rejet quand un groupe, anglais de surcroît (mais ce phénomène n’existe que chez eux, non?), est annoncé trop beau ou que Idles, un groupe qui lui même sait ce que signifie le mot hype, déclare que Ditz est le meilleur groupe du monde ou un truc dans le genre. Surtout que le concert du quintet de Brighton le jeudi 7 avril dernier à l’Antipode (Rennes) n’avait pas levé un enthousiasme dingue alors qu’on nous l’avait vendu comme particulièrement charismatique, notamment par la présence de son chanteur Cal Francis. Peut-être un mauvais soir ou juste un soir normal de routine pendant une tournée.
Il faut pourtant avouer que leur premier album The Great Regression possède du répondant, de la cuisse, du nerf et mérite largement le détour. L’intérêt de Idles pour ce groupe peut se comprendre. Les plates-bandes musicales se chevauchent. Une énergie punk dans une structure pop. Mais Ditz injecte beaucoup plus de consistance et d’inventivité dans ses compos. Et plus d’abrasion, de surprises, de folie, d’accroches qui restent en bouche. Confronte le chaos et les mélodies à l’instar du chant passant facilement de l’intensité d’un cri à un mode parlé distant. Oppose les avalanches rythmiques qui descendent abruptement et l’élasticité de passages plus fluides et basiquement entraînants. Frictionne deux guitares dont on ne distingue pas toujours les différences mais dont les étincelles s’avèrent sans cesse le résultat final avec son lot de riffs pertinents et de dissonances fulgurantes.
Le feu et la glace. Le bruit, la fureur, l’harmonie. Une recette connue que Ditz, en groupe bien plus malin et doué que la moyenne, en groupe anglais qui sait comment attirer le chaland, transforme en un album très engageant. Pas franchement facile mais accessible. Piquant, réjouissant dans le sens où l’ironie sombre, grave et mordante du chanteur s’efface parfois au profit de plus de légèreté et d’un allant qui porte vers l’avant naturellement, convulsif, batailleur, épais, tumultueux et évolutif (les sept minutes finales de No Thanks, I’m Full) mais toujours cinglant et s’imposant sans forcer. Contrairement à ce que dit la pochette, Ditz ne peut plus avancer masqué et rentre désormais dans la catégorie des groupes qui vont être attendus au tournant.

SKX (12/12/2022)