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Concrete Ships
In Observance – LP
Trepanation records 2022

On va tricher encore parce qu’en vrai, la sortie de In Observance date de mars 2021 mais le vinyle n’a vu le jour qu’en mai 2022 alors on va faire comme si c’était une nouveauté et que cet enregistrement n’était jamais parvenu à nos tympans pendant ce laps de temps infini où faire une pré-commande est devenue un véritable sacerdoce.
Concrete Ships – les navires de béton – n’ont rien trouvé de mieux que l’énorme cage d’escalier du château – forcément en pierre - de Somerton dont certaines parties remontent au XIIIe siècle pour enregistrer leur premier album au cours des premières semaines de 2020. Bref, un disque qui respire la solidité, le consistant, l’architecture pas banale et telle est la musique du trio anglais. La maison brûle, rien ne va plus.
Concrete Ships nous embarque dans six morceaux au long cours, excepté le succinct Observe qui fait office d’interlude tranquille pour reprendre son souffle. Et Flotilla, morceau d’introduction calibré pour faire croire que Concrete Ships est un groupe noise-rock avec un sale tempérament de vieux loup de mer à qui on ne l’a fait pas et qui connaît les règles en matière de bastonnade noise houleuse et jouissive mais qui reste dans les clous. Les quatre titres restants vont se charger de les faire voler, les clous.
Concrete Ships s’engouffre dans un noise-rock démonté, part à l’abordage de terres hostiles où l’aventure est reine, le périple rempli de péripéties et la destination finale incertaine et surprenante quand on repense aux premières mesures. Et tout ça sans jamais perdre le nord. Dans son noise-rock, Concrete Ships balance du psychédélisme cauchemardesque et tortueux, des digressions soniques nébuleuses ramant à contre courant contre les violentes bourrasques et les attaques multiples et incessantes, des répétitions qui ne cherchent qu’à alimenter la tension et surtout une créativité et de belles inspirations à l’instar de la ligne de basse splendide sur les presque huit minutes de A Record Of Ancient Matters ou ces coups de boutoir monstrueux comme sur les neuf minutes de Clouds après un long passage rampant et magnétiquement malsain. Concrete Ships arrive à jouer dur, lourd et féroce tout en multipliant les finesses et en suggérant la légèreté (l’hypnotique Vibration White Finger). Le chant du bassiste Chris Thompson participe également à ce sentiment de richesses et de variétés, prenant pleinement possession du potentiel sinueux d’un album explosif, généreux, envoûtant, subtilement et intelligemment élaboré dans toute sa brutalité qui suinte et même plus que ça à chaque instant. In Observance, une sacré déferlante incontournable.

SKX (30/06/2022)