melmachello
bisou


MelmAC.Hello
Le Cas Très Inquiétant De Ton Cri – CD+livre
Bisou records 2020

MelmAC.Hello, fusion des lettres, fracas de la collision. Melmac, environ vingt ans au compteur, entité hors des sentiers battus créée par les frères Luc et Nicolas Reverter (guitares et électroniques) et accompagnés par Quentin Rollet (saxophone) entendu très récemment chez A Shape et Jean-Yves Davillers aux percussions. A.C. Hello pour Anne-Claire Hello, pratique la poésie sonore, seule ou avec des musiciens (Black Sifichi notamment).
La poésie, cette musique intime. Pas toujours adepte de ce genre d’alliance, de ces textes lus avec une tentative de mettre les mots en musique, les rendre plus beaux et plus forts. Un exemple récent à éviter à tout prix, celui de Virginie Despentes lisant le Requiem des Innocents de l’inestimable Louis Calaferte (un comble, le seul ouvrage que Calaferte a renié), une lecture-supplice à entendre avec un brouet musical derrière.
Le Cas Très Inquiétant De Ton Cri
est heureusement une toute autre histoire. Les mots claquent comme un riff de rock et la musique est une poésie vibrante. La parole engagée vive, fiévreuse, matraquée dans un geste de détresse et le mystère de sonorités sobrement magnétiques. Éclater les histoires, les malmener, les pousser à bout. Une langue qui vit où se situe le gouffre. Le souffle des guitares, les griffures du saxo, un brouillard épais et noisy, les arpèges fragiles et mélancoliques, le tumulte de la batterie, une sombre mélodie, un abstrait mouvant et parlant. Les musiciens font plus qu’escorter les mots, ils les vivent, trouvent la consistance nécessaire pour soutenir le ton énervé et tendu de mots débités sans ménagement. Ton idéal faiblard je laisse surgir.
Cinq titres, cinq poèmes, cinq moments qui se consument comme un disque de rock, dérangeant, noir, révolté, comme une chanson d’Enablers sauf que là les mots on les comprend, on les prend de face et ils sont sublimes. Du Calaferte, encore lui, plus d’une fois flotte dans l’air. Une langue qui écorche le monde raide. Une langue qui sue le soleil et la fureur. Contre l’abrutissement des foules, le règne de la massification, une poésie dans laquelle je me perds volontiers, laisser libre cours à son imagination devant ces mots qui défilent, ces mots qui n’expliquent pas tout et donnent de la liberté pour s’enflammer, se soulever, le moi qui hurle et à qui AC Hello donne un écho physique, un élan possédé et électrisant. J’ai le concret qui s’effrite. Le Cas Très Inquiétant De Ton Cri, ça s’écoute comme une transe orageuse, submergeante, c’est brutal et plein de finesses et de fissures dans lesquelles s’engouffrer. Une belle surprise semblant débarquer de nulle part. Magique.

SKX (17/01/20121)