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Last Quokka
Unconscious Drivers - LP
Stock/Mass Prod records 2020

Last Quokka se présente comme un groupe punk antifasciste dans la ville la plus isolée de la planète. En l’occurrence, Perth, tout à l’ouest de l’Australie. Avec un message on ne peut plus claire à l’intérieur du livret qui dit que Last Quokka reconnaît que cette terre est et sera toujours une terre aborigène. Cela débouche donc sur un disque fortement politique dont le point d’orgue est Colony et des paroles crachant sans ambiguïté : je ne me suis jamais mis à genoux, je n'ai jamais prêté serment pour toi, je n'ai jamais juré fidélité à ce pays, alors va te faire foutre, toi et ta colonie avant de terminer par un cinglant This union jack is a nazi stamp. Isolé mais pas aveugle.
Ça pourrait donner un album un peu trop sérieux, lourdingue, marinant dans le prêchi-prêcha et pourtant on ressent une bonne dose d’humour (sarcastique) dans tout ça et surtout, la musique, nerf de la guerre à notre petite échelle, soulage le propos par une agilité, voir une certaine légèreté et mélancolie et une simplicité (notamment la batterie très basique) qui rend cet album (le deuxième sans oublier deux Eps) largement digeste et fortement attachant.
Ça n’en reste pas moins un disque punk teinté de garage-rock, direct, âpre, fringuant, colérique et énergique. Avec une certaine touche Bench Press, dans l’art de subtilement se décaler d’un courant dans lequel on pourrait trop vite les enfermer, avec plus de mélodies que d’agressivité, des passages plus calmes et spleenesques (Saints avec son pastiche de When The Saints Go Marching In au milieu ou Conversations), une approche quasi emo sur Punks In The Palace, de la finesse dans les riffs qu’une basse vient régulièrement soutenir par un jeu souvent plus mélodique que rythmique, faisant ainsi office de seconde guitare. Et jusqu’à mettre du violon (avec l’invitée Madeleine Antoine) sur le justement nommé Pictures Of The End, morceau de sortie brumeux et funestement contemplatif. Même le chanteur Trent Rojahn qui était parti pour tout dégommer arrive parfaitement à moduler sa rage de sa belle grosse voix éraillée. Unconscious Drivers n’est pas du genre à aller gratuitement dans le décor. Ça réfléchit là-dedans et ça compose d’excellents morceaux qui font les bons albums.

SKX (07/10/2021)

P.S. : Comme cette chronique a mis du temps à arriver alors qu'il est pourtant sorti également sur un label rennais (Mass Prod), Last Quokka a depuis publié The West Ghost, un split single avec False Cobra et il s'écoute ici.