gadwhip

Gad Whip
Fanimal Arms – LP
Self-released 2020

Gad Whip, étrange animal élevé en Angleterre, en partie dans le Lincolnshire sur les bords de la Mer du Nord. Il avait été question de ce groupe lors d’un maxi, In A Room, en 2017. Un premier album (vinyle) sur X-Mist records, Post-Internet Blues, avait été publié l’année suivante et pour Fanimal Arms, Gad Whip s’en est remis à lui-même pour presser cent exemplaires et pas un de plus, chacun étant unique puisque un collage différent illustre le verso de la pochette cartonnée qui sent encore la glu. Des habitations et un bébé grassouillet avec une tête de mort ornent le numéro 18. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Gad Whip échappe à toutes les étiquettes qui elles ne collent jamais longtemps à leurs chansons mouvantes et leur univers changeant. Gad Whip fait ce qu’il veut, quand il veut. Pourtant, j’ai bien envie de les coller dans le même sac que les Terminal Cheesecake, World Domination Enterprises, Bastard Kestrel, Headbutt et autres vilains petits canards qui hantent régulièrement la scène anglaise. Non pas pour une quelconque accointance musicale mais pour l’esprit libertaire et après moi le déluge ou une manière bien anglaise d’exister et de paraître (ne me demandez pas d’expliquer ce que ça veut dire) émanant de ce groupe qui n’en fait qu’à sa tête. Gad Whip, bien loin des modes et de la recherche du bon goût, rappelant l'ancien mais sonnant contemporain et poursuivant sa propre expression avec un mélange de tout ce qui passe entre leurs deux oreilles, influences non-musicales comprises, pour régurgiter dans son coin une musique aux ambiances variées et personnelles, qui frappe, voir dérange les esprits. Qui m’aime me suive.
Les dix morceaux de Fanimal Arms sont riches de post-punk, de psychédélisme tordu, de dub, de rythmiques étrangement dansantes, de bruits vaporeux, de sonorités/nappage électro, de guitares incisives comme sur Desk Gate et ses riffs acérés, d’un chant parlé comme détaché et pourtant intense, de samples, de chœurs, de synthés et tout ça est l’œuvre d’une seule personne. Lee Drinkall est responsable de tous les instruments, se faisant aider par quelques potes sur une poignée de titres (notamment Bil Amos pour la basse sur quatre compos) et avec le chanteur Pete Davies qui commente le monde de ses mots acerbes, Gad Whip forme une entité décalée, expérimentale mais pas dans le but de jouer aux apprentis sorciers incompris de tout avec des morceaux abscons. Gad Whip a le souci d’écrire de véritables morceaux dans un cadre structuré et une aura plus ou moins rock. Jamais Gad Whip n’avait accoucher d’un disque avec des titres aussi marquants et inspirés, élevant le niveau de Post-Internet Blues et de cassettes précédentes à la matière aventureuse.
Fanimal Arms, assemblage osé et réussi à la frontière d’une multitude de genre pour un groupe atypique et intemporel qui ne sera pas celui de tout le monde mais apportant un vent à part qui mérite toute votre curiosité.

SKX (14/01/2021)