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Distorted Pony
Live In Hamburg – 2xLPs
Improved Sequence records 2021

En 2018, Distorted Pony avait enfin réussi à franchir l’Atlantique. Il aura fallu vingt-cinq ans. Un split en 1993, la publication de Instant Winner en 1994, second album à titre posthume et c’était fini des espoirs de voir un jour Distorted Pony sur scène. Un des fleurons de la scène noise américaine. On ne va pas vous re-conter l’histoire. Cela avait déjà été rapidement fait sur cette page et un peu plus longuement avec du son par ici.
Cette modeste gazette n’a jamais été friand des reformations mais Distorted Pony, ça ne se refuse pas. Alors quand une tournée européenne s’est mis en branle en juin 2018, il était quasi inconcevable de ne pas tout tenter pour organiser une date à Rennes. L’asso Kfuel a mis les bouchées doubles. Le vendredi 22 juin 2018, le groupe de Los Angeles s’est présenté au Mondo Bizarro (plus précisément feu-Le Mondo Bizarro) et l’impossible est devenu réalité. Et cela s’est reproduit quatorze fois entre le 16 juin et le 1er juillet en France (quatre dates), Italie, Espagne, Belgique, Hollande, Pologne et Allemagne pour finir. Et c’est dans ce pays, pour l’avant dernière date de la tournée, le 30 juin à l’Hafenklang, salle de concert à Hambourg, que la performance de Distorted Pony a été enregistré par un certain Muck Giovanett. Félicitations à lui parce que ça sonne d’enfer. Cette modeste gazette n’a jamais été friand des albums live mais dans ces conditions là, ça ne se refuse pas.
Loud is what industrial noise-rock is. C’est par ses mots que David U., guitariste et chanteur, introduit le concert en invitant les personnes qui le désirent à se procurer des bouchons d’oreilles. Et loud, ce disque l’est aussi, arrivant à retranscrire toute la puissance du groupe sur scène. C’est donc tapis aussi rouge que les vinyles pour ce live qui se déploie devant vos oreilles conquises et qui fait rejaillir sur près d’une heure tous les (excellents) souvenirs de leur date à Rennes. Les cinq membres d’origine (seul manque le guitariste Robert Hammer qui a été remplacé par Eddie Rivas) n’ont rien perdu de leur vista. On aurait pu douter de leur capacité à rejouer ce répertoire dense, noise et tumultueux après tout ce long silence. C’est comme si c’était hier. C’est joué au cordeau, avec l’agressivité qu’il faut et ça ne faiblit jamais. La basse de Dora Jahr (qui certifiait et s’amusait sur le morceau d’intro qu’elle faisait bien partie du groupe pour les personnes qui se le demandaient la veille – maybe because i was a girl or i look so old ?) fait autant de ravages que son chant grondant. Les deux plaques martelantes à la batterie (London May) et Theodore Jackson (percussion) font tourner les rythmes dans une ronde aussi infernales que divinement métalliques et tribales. Les versions ne différent pas franchement des originaux, pas de fioriture, pas de surprise, pas de fantaisie. C’est carré et ça renverse tout sur son passage. On en attendait pas moins.
Les deux albums, Punishment Room et Instant Winner, sont bien sûr très représentés. Seul un titre de Work Makes Freedom (Forensic Interest) et Angel On A Haug tiré du tout premier single en 1990 figurent sur la liste. Et quand débarquent les sept minutes et quelques de Slow Leak et A Fine View From The Temple qui concluait Instant Winner, plus personne ne bouge. L’hypnose est à son comble. Le début de Go Kart donnant l’impression que des cordes sont sciées est toujours aussi redoutable. Plus d’une fois le déluge s’abat sur nos frêles épaules mais les mélodies si importantes chez Distorted Pony ne sont jamais ensevelies. Et chaque morceau est meilleur que le précédent vu que chez Distorted Pony, tout est bon, prodigieusement bon.
Un disque qui rend parfaitement hommage à la force de frappe et la beauté de ce groupe inestimable.

SKX (10/04/2021)