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Carver
White Trash 12’’
Day Off/Kerviniou/Araki/Pied De Biche records 2021

White Trash parce que Carver, c’est pas pour les pieds-tendres et les bourgeois de la feuille. Raymond vous salue bien. Le tympan est secoué, sali, concassé, épongé, l’eau du bain servira aussi pour laver les couverts.
C’est à Nantes qu’un ramassis de trois musiciens se recycle dans une nouvelle aventure qui sent la poussière et l’âme pas charitable. Thomas Beaudelin qui à une époque s’écrivait aussi Tom Bodlin, ex-Café Flesh et qui pousse la beuglante dans un saxophone chez Trombe. David Escouvois qui fait zouker sa batterie chez Francky Goes To Pointe-à-Pitre ou la malmène avec Mr Protector. Nicolas Monge à la basse, pas eu le plaisir de l’entendre avec Nihil ou My Own Pleasure.
White Trash n’est qu’un quatre titres mais il pose les bases d’une mélopée grinçante, sauvage et ouverte à de multiples courants que Carver brasse plus grand. C’est joyeusement complexe et titubant, se rattraper au bastingage, éviter la chute toujours pour mieux foncer dans le lard. Éclater, éparpiller, jouer sur toute une gamme de crispations, de contre-pieds et mettre un bon taquet derrière la nuque quand il faut sonner la fin de la récré.
Carver, pas des premiers venus, ya de la bouteille et c’est jour de ball-trap avec White Trash. Carver arrose à tous vents, vise juste à chaque fois et se distingue surtout par la vie dégénérée qu’il insuffle là-dedans. Comme si Carver ne calculait rien et se lançait gaiement dans la partie parce que faire du boucan est avant tout un grand moment de plaisir. Ou plus exactement, une fois la partition parfaitement écrite, s’amusait à l’effacer, la pervertir, la chauffer, la pousser dans ses derniers retranchements avec un saxo qui couine comme le chant, une section rythmique qui bastonne et retombe sans cesse sur ses pattes malgré les figures casse-gueules et la guitare maline qui distille les bons mots comme les gros qui bavent. White Trash respire la jouissance sans entrave, une courte et belle pièce de noise-rock donnant envie de transpirer et s’en foutre de tout, la première pierre d’une histoire qu’on espère longue et vigoureuse.

SKX (06/05/2021)