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Warren Schoenbright
The Agony In The Garden – Tape
Hominid Sounds records 2020

Un disque féroce et angoissant pour un groupe spécialisé dans les disques féroces et angoissants. Sauf que c’est encore une fois une cassette pour un groupe habitué à sortir que des cassettes. On le regrettait pour leur précédente livraison Machinae Inutiles. Ça sera le même regret mais ça sera le seul pour le nouvel enregistrement de Warren Schoenbright et son titre biblique The Agony In The Garden. Une formation de Londres récemment passée de trois à deux avec Alex Virji (basse, loops, chant, machines) et Daniel McClennan (batterie, electronics) qui en quatre titres et une bonne demi-heure d’une procession inquiétante solidifie sa réputation de groupe intransigeant et magnétique comme un trou noir. Avec The Agony In The Garden, c’est une face de Warren Schoenbright plus atmosphérique et moins frontale, carnassière. Mais les sons lourds et sépulcraux, ces longues plages d’un drone puissant et insondable soutenues par une rythmique tribale et une grosse basse répétitive s’enracinant au plus profond de votre chair sur le quart d’heure de Polyglot Abyss (et son prolongement Heterotopias) est une expérience shamanique qui tient de l’envoûtement funeste et magique. Surtout que cela ne s’arrête pas là. Le duo crée des décalages subversifs, de minimes variations et brisures pour tenir en haleine et de méchants coups de tabac les amenant sur les terres d’un noise-rock saccadé et orageux. C’est la pièce maîtresse avec les neuf minutes de In Gethsemane. De nouvelles nuances de noirs avec des déflagrations de sang alors que l’aura initiale s’annonçait mélancoliquement malade. Fracture de basse, riff élégamment coupant d’une guitare surgit de nulle part ou s’agit-il de sonorités mystérieuses du ventre des machines, chant agonisant du fond de la gorge et cris tragiques, et surtout une belle créativité tout au long d’une compo constamment évolutive malgré un aspect répétitif. Ce n’est pas le moindre des tours de force d’un groupe à l’alchimie unique et qui mériterait – je n’en démordrai pas - de voir étaler son talent de façon conséquente sur un vinyle et un album en bonne et due forme.

SKX (27/12/2020)