uniform
sacredbones


Uniform
Shame – LP
Sacred Bones records 2020

You are what you’ve done. You are what’s been done to you. Dans le cas de Uniform, le résultat donne la honte, un disque effrayant, agressif, funestement désespéré. On ne sait jamais ce qui se passe dans la vie des autres. Shame, quatrième album et ces paroles en forme de sentence froide et implacable sur le titre Delco qui a une bonne tête pour mettre en route ce nouvel enregistrement du désormais trio. La boite à rythmes est toujours rangé au placard mais un nouveau batteur a débarqué. Mike Sharp (The Impalers, Hatred Surge, Trap Them) en lieu et place de Greg Fox présent sur The Long Walk.
Un précédent album qui avait fait fort dans la noirceur, la méchanceté et la douleur. Il est toujours possible de creuser plus profond même quand on croit qu’on a touché le fond. Cependant, Uniform a décidé de ne pas descendre plus bas. Une question de son tout d’abord. Si le guitariste Ben Greenberg s’est occupé comme toujours de l’enregistrement, Uniform a confié le mixage au producteur Randall Dunn habitué à travailler avec des atmosphères denses et très sombres (Sunn O)), Wolves In The Throne Room, Earth, Boris). Uniform gagne un son un peu plus net et clair, reléguant les scories électroniques au second plan ou remisées à la fin des morceaux (The Shadow of God’s Hand) ou en plein milieu du flippant et bruitiste Life Remission. Morceaux qui sont également plus percutants et moins rampants, voir mélodiques avec certains riffs de Greenberg plus finement sculptés et des structures qui tendent vers l’efficacité comme sur Delco et Shame. Un album optant également pour une approche plus punk et hardcore, voir metal. Des gênes qui ont toujours été présentes chez Uniform mais cela semble n’avoir jamais été aussi prononcé. Un batteur en chair et en os et venant de ce milieu n’est pas étranger à cette orientation. La batterie bombarde sec, basiquement féroce plus d’une fois, jusqu’à signer le court trashy hardcore Dispatches From The Gutter.
Mais rassurez-vous, ce n’est toujours pas avec Shame que vous allez voir la lumière du jour. And if the rope fits, well i guess i’ll wear it. Uniform matraque, moments d’ultra-violence, le vacarme des blast-beats, le chant gorgé d’effets d’un chanteur (Mike Berdan) qui ne voit pas le bout du tunnel d’un monde dérivant toujours plus loin dans l’obscurité. This Won’t End Well. L’ambiance reste poisseuse, gangrenée, écorchée, gravillonnée, volcanique. Il est difficile de repousser la folie. Elle frappe sans prévenir. La cacophonie et la violence sont juste orchestrées d’une manière plus précise. Qui trouve son apothéose dans une fin royale et les presque huit minutes de I Am The Cancer. Un résumé de tout ce que peut produire Uniform. Les volumes assourdissants, les triturations, une mélancolie absolue, une guitare plus clean, c’est punk et atmosphérique, trépidant et vicieux dans un même élan nihiliste, le bruit pur, une longue fréquence en phase terminale et God will not love you forever, dernier avertissement d’un groupe qui reste toujours aussi marquant et prépondérant.

SKX (22/11/2020)