salvation
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Salvation
Year Of The Fly – LP
Forge Again records 2019

Je ne sais pas si vous êtes au courant mais 2019 était officiellement l’année internationale de la mouche. Une info primordiale qui n’a peut-être aucun rapport avec le fait que Salvation a nommé son second album Year Of The Fly. À moins qu’il traîne un entomologiste dans les rangs du trio de Chicago ou est-ce un clin d’œil au I Am The Fly de Wire puisque la pochette de Shelby Beasley est appelé justement wire art avec une mouche au verso tentant de se frayer un chemin. Dans tous les cas, un titre amusant et étonnant.
Ce qui est moins surprenant - et c’est tant mieux de la part de Salvation qui ne renvoie pas l’image d’un groupe porté sur la plaisanterie - c’est qu’il continue d’approfondir leur noise-rock teinté de grunge qui avait précédemment marqué les esprits avec Sore Loser. Avec un dosage moindre sur le grunge mais les traces sont toujours là, c’est indéniable, surtout dans le chant du guitariste Jason Sipe.
Year Of The Fly vole surtout au-dessus d’un champ rock rugueux, puissant, raboteux et se cogne dans des recoins sombres, jamais loin du drame et de la chute. Les compositions prennent du coffre, comme sur la face B avec le vigoureux Dark And Stormy qui porte bien son nom car le noir est définitivement la couleur préférée de Salvation, dans cette façon prenante d’insuffler de la douleur, des déchirements dans leur rock sauvage à fleur de peau. Les suivants Charm School et Welcome Home fendent l’air avec une force identique de persuasion tourmentée et de poignant tempétueux, des morceaux qui s’envolent dans un ciel agité et brillants comme une nuit de lune rousse.
Salvation a ainsi augmenté le pouvoir de sa basse abrupte et distordue, l’assise d’une section rythmique toujours plus lourde et la pertinence de riffs qui tranchent dans le plomb, sifflent, percutent et sculptent des titres largement convaincants qui mériteraient de trouver un plus large auditoire comme Slit My Throat ou Year Of The Fly parce que là-dedans, ya de la graine de punk-rock méchamment entraînant qui marque des points de vie.
Mais sous la grenaille, Salvation aime surprendre en plaçant à la fin de chaque face des morceaux pour apaiser les sens. L’interlude instrumental Palinopsia avec son délicat piano sur fond de samples, la ballade acoustique un tantinet sirupeuse Failure parce que Salvation n’est pas du genre à se croire invincible, ce que l’ultime titre Delusions And Grandeur, confirme mais de façon plus réussi. Orgue, claviers et sample d’une voix pour atterrissage en douceur et légèrement hanté. Year Of The Fly ne signifie pas l’année de Salvation mais ce groupe mérite franchement qu’on s’y intéresse de près.

SKX (23/02/2020)