oldmangloom
profoundlore


Old Man Gloom
Seminar VIII: Light Of Meaning – LP
Profound Lore records 2020

Mine de rien, ça fait un peu plus de vingt ans que Old Man Gloom se répand comme un virus, avec de grandes périodes où il disparaît de la surface de la terre mais se repointant sans cesse quand on ne l’attend plus, pour causer toujours plus ou moins les mêmes ravages, sans surprise mais toujours content de voir les effets qu’il inflige.
Pourtant, un évènement tragique a failli avoir sa peau. Un de ses membres, Caleb Scofield, a passé l’arme à gauche le 28 mars 2018 lors d’un accident de voiture. Pendant l’écriture de ce nouvel album qui lui est naturellement dédié. Scofield est crédité de la musique sur deux morceaux, certaines parties de basse, guitare et chant sont utilisées et son nom apparaît toujours dans la liste des membres du groupe. Pour l’éternité. Nate Newton, Aaron Turner et Santos Montano continuent l’aventure et qui mieux que Stephen Brodsky, un ami de Scofield avec qui il a longtemps joué dans Cave In, pour le remplacer. Le fantôme et plus encore de Scofield plane sur Light Of Meaning.
Les fondations d’Old Man Gloom sont indestructibles, résistent à toutes les turpitudes de ce bas monde et si tout ce petit monde possède des allures de vestiges, il a de quoi faire trembler encore bien des murs. Et de les abattre sous le coup de déflagrations mammouthesques. La lourdeur d’Old Man Gloom n’est pas un vain mot. Les riffs sont surpuissants. La rythmique est composée d’un blindage indestructible. Les différents chants, du plus gras (Turner) au plus intense (Newton), voir en mode parlé (Montano) sont toujours une tempête de sentiments torturés et dévastateurs. Et les nombreux passages ambient bourrés d’électroniques malveillantes restent la marque de fabrique de ce metal-hardcore mutant. Quitte à parfois propager des sonorités étranges comme ces bruitages ressemblant à un sérieux problème gastrique sur le début de l’album (EMF) et surtout, les faire durer un peu trop longuement. C’est le cas de True Volcano et Final Defeat, les deux titres écrits à la base justement par Scofield comportant à chaque fois une bonne minute de baston salement efficace mais qui auraient été complétés par une intro et une conclusion bruitistes qui durent inutilement et à l’effet un peu vain.
Par contre, quand Old Man Gloom décide d’attaquer, cela fait mal. Délicieusement mal. Comme s’ils redonnaient un coup de jeune à Neurosis. C’est redoutable, bestial et finalement brutalement beau. Quand en plus ils mettent un soupçon de mélodie sur Calling You Home qui respire l’hommage à Scofield, cela devient carrément poignant et superbe. Ou violemment épique sur By Love All Is Healed, un titre écrit par Turner qui met à profit toute son expérience acquise avec Sumac et Keiji Haino pour confronter à merveille l’approche expérimentale, l’élan hardcore et extrême et intégré idéalement les parties ambient dans une compo tout en relief, trouble et inspirée dont le souffle diabolique et terriblement sombre achève royalement un album dans lequel on sait où on met les pieds. C’est certifié Old Man Gloom pur jus, le piège est connu mais c’est un régal de s’y laisser enfermer.

SKX (28/06/2020)