lamps
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Lamps
People With Faces – LP
In The Red records 2020

Je croyais les lumières de Lamps définitivement éteintes. Le groupe de Los Angeles n’avait plus donné signe de vie depuis 2012 et son flamboyant troisième album Under The Water Under The Ground. En 2020, il n’y a pas que des morts, des résurrections arrivent aussi.
Lamps réouvre le rideau avec People With Faces. Je ne sais pas si Lamps veut mettre des visages sur des personnes mais en tout cas, deux têtes sont toujours connues, celles de Monty Buckles (guitare, chant) et Josh Erkman (basse). Une nouvelle débarque au poste de bassiste et chante aussi, Denée Segall, la femme de Ty Segall qui lui a enregistré l’album.
L’important, c’est que Lamps ne lâche rien et ne concède pas une once de terrain malgré huit années d’interruption d’activités. Leur garage-rock, Lamps le délivre avec un esprit toujours juteusement punk et autant d’abrasion débordante, un niveau de bordel qui n’a pas faibli avec l’âge. Ça grésille, ça gratte, ça écorche avec les deux pieds sur les pédales d’effets en célébrant le fuzz pour mettre le rouge à des mélodies qui s’embrasent, dynamiter les refrains et faire danser sur des charbons ardents.
Mais c’est aussi différent. Le chant de Denée Segall qui n’est pas là pour faire de la figuration mord les mollets et est un contrepoint idéal au chant plus parlé, grave et légèrement azimuté sur les bords de Buckles. Mais la principale nouveauté, c’est la présence de claviers à l’attirail de Buckles. C’est un peu surprenant au début, c’est presque crispant sur Comedian quand le coulis synthétique s’étale de toutes ses sonorités frôlant un goût douteux mais ça se mélange au final avec bonheur au mitraillage de la guitare qui reste heureusement la source dominante du bruit et des éclairs aveuglants. People With Faces y va donc gaillardement avec de courtes salves sales et ludiques, croquantes et confusément entraînantes avec deux reprises à la clef. I Owe It To The Girls par un obscur groupe féminin au début des années 80, Teddy And The Frat Girls connu aussi sous le nom de Sheer Smegma et I Need A Freak, reprise d’un morceau funk/electro écrit en 1983 par David Payton, alias Lynn Tolliver et interprété par Sexual Harrassment.
Un quatrième album qui n’atteint pas la fulgurance et la qualité des compos de Under The Water Under The Ground mais après huit années de silence, ce retour est à saluer dignement en espérant que la suite viendra bien plus vite.

SKX (31/01/2020)