hauntedhorses
sixwix


Haunted Horses
Dead Meat – LP
Sixwix records 2020

Après une série de brefs exercices propice à la remise en route d’un groupe qui avait jeté l’éponge en 2016, Haunted Horses attaquent l’album, reprenant ainsi le cours de son existence comme si de rien n’était, comme si le premier album Watcher était hier. Pourtant, la donne a changé. Le trio est devenu duo. Et si la batterie reste le socle, guitare et basse ont été remplacées par des claviers/machines/electronics sur lesquels le chanteur sort des sonorités dont le niveau de bordel et d’insalubrités n’a rien à envier aux cordes électriques. Le noise-rock du duo de Seattle a toujours fricoté avec des vapeurs de musique industrielle, des accents plus dark et punk bruitiste. Dead Meat met les pieds dans le plat. Bon appétit.
Dead Meat bat la viande froide comme d’autres vont à la cueillette de champignons. Avec désinvolture, le cœur printanier et des arrières pensées venimeuses. Se méfier des contre-indications. Sous des dehors rythmiques qui font entrer spontanément dans la danse infernale, Haunted Horses roulent des yeux de bête. Le batteur tape brutalement, implacablement, tribal d’une nuit de pleine lune. Un bruit mat, opaque mais qui résonne durement. La noise de Haunted Horses est plus que jamais passé à un stade déviant, une matière électronique flirtant avec une transe hardcore transpercée par des éclairs noirs, des grésillements tournant comme des mouches autour d’une charogne, une aura possédée avec un chant maladif qui répand ses mauvaises nouvelles et des samples confus et troublants rajoutant au climat très anxiogène. Et le batteur, infatigable, qui cogne et cogne encore et établit le cadre rock. Joli tableau de famille. Sauf sur Warm Body dont le titre trompeur ne réchauffera pas l’ambiance avec cette absence de batterie laissant la porte ouverte à des ondes méphitiques.
Un disque comme une bonne razzia. En moins d’une demi-heure, Dead Meat ne laisse plus que la mauvaise herbe et plus beaucoup d’espoir avec des morceaux offensifs dont une petite poignée (Video Drone, The Banker et Wixkle) figuraient dans des versions différentes sur le 8’’ Cold Medicine et la cassette Severed Circle. Et en conclusion le terrible Beast qui, au bout de ces cinq minutes martiales, convulsives et triturées, achève les blessés. Haunted Horses au grand galop. Ils ont bien fait de revenir mettre de bons coups de sabot.

SKX (24/03/2020)