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Girls In Synthesis
Pre/Post: A Collection 2016-2018 – LP
Harbinger Sound records 2019
Arterial Movements – 7’’
X-Mist/In A Car records 2019
Pressure – 7’’
Own It Music records 2019

Girls In Synthesis agite le milieu punk anglais depuis 2016 à coup de singles incendiaires publiés dans un esprit très DIY, à très peu d’exemplaires, rapidement épuisés, dont les rares copies circulant encore sont montées à un prix indécent. Louder Than War a eu la bonne idée de compiler tout ça sur un album en 2019. Qui a connu le même sort que les singles. Harbinger Sound a pris le relais, a sorti un second pressage à l’automne dernier, puis un troisième (en vinyle blanc) début 2020 parce que tout ce que ce groupe réalise part comme des petits pains. Il est donc temps de s’intéresser de plus près à ce trio londonien qui a tout d’une hype mais qui n’en est pas une, s’engageant artistiquement et physiquement corps et âme dans le destin de leur groupe. Girls In Synthesis est loin de faire une musique avenante et consensuelle, ce n’est pas du punk à la Idles, c’est plus méchant, bruyant, moins racoleur et si l’étiquette post-punk sort souvent à leur propos, c’est quand même la version hardcore à la Bad Breeding avec des accroches juteuses et une approche noise qui décape.
Pre/Post: A Collection 2016-2018 regroupe quatre singles. The Mound/Disappear sorti uniquement en version numérique en mars 2017, Suburban Hell en novembre 2017 qui était donc le premier 45 tours quatre titres, We Might Not Make Tomorrow en mai 2018 et Fan The Flames en novembre de la même année. Un groupe qui a mis les pieds dans le plat d’entrée de jeu et n’a cessé depuis de peaufiner le propos sans l’édulcorer. Quatorze salves ne faiblissant jamais dans la rage mais qui a appris peu à peu à l’organiser. La batterie cogne droit, mécanique indéréglable, à tel point que j’ai cru à une boite à rythme avant de devenir au fil des sorties une rythmique plus souple et variée sans que Nicole Pinto ne perde de sa force de frappe et sa simplicité matraquante. Le bruit s’organise, les refrains prennent de l’épaisseur, Jim Cubitt (guitare) et John Linger (basse) se partagent des lignes de chants qui donnent envie de gueuler avec eux. Chaque titre possède une allure d’hymne intemporel et donne envie d’avoir seize ans à nouveau. Des titres qui sentent le chaos et le soufre, le cri de la classe moyenne pour sortir d’une vie merdique, Sleaford Mods avec de vrais instruments dans les mains pour un maximum de dégâts et un impact violent, un truc très primaire, basique, martial, joué à fond et dessinant des morceaux à fort potentiel révélant leurs mélodies attirantes sous des dehors cocktail molotov. Du pur jus d’Anglais, des punk concernés n’ayant plus de temps à perdre, la volonté de marquer durablement les esprits avec des putains de bons morceaux intelligemment construits et sauvagement balancés.






Girls In Synthesis continue de jeter en pâture des singles avec Arterial Movements réalisé en octobre 2019. Trois nouveaux titres de leur punk-noise poussant à l’émeute, magnifié par des mélodies acides, virulentes. C’est le cas du morceau principal, Arterial Movements avec une basse pulsatoire pour augmenter le flux sanguin et tordre les rotules dans un mouvement furieusement entraînant. Girls In Synthesis toujours en colère mais il met de plus en plus les formes et c’est redoutable. Avec Smarting, j’ai d’abord cru à une reprise de Big Black, surtout dans ce son et riff de guitare. C’est surtout la preuve que ce trio n’a pas de limite et qu’entre post-punk très très post et noise-rock de combat de rue, il existe tout un panel de possibilités que le groupe explose dans la minute quinze de It’s Over, Forget It, une punkerie qui nettoie tout sur son passage, sans fioriture et en respectant les consignes d’hygiène les plus élémentaires.








Pressure est le dernier single en date (novembre 2019). Et en matière de pression, Girls In Synthesis sait de quoi il parle. Et d’urgence aussi avec une guitare sirène, une guitare qui attaque l’acier et à peine deux minutes pour montrer toute l’étendue d’un noise-punk gardant le mords entre les dents plus que jamais. Face B, deux titres live (Tainted et Suburban Hell) censés montrer toute l’intensité d’un groupe réputé pour ses prestations scéniques ferventes. Mais je préfère voir ça pour de vrai, un jour peut-être.
La prochaine étape pour Girls In Synthesis ne sera pas un nouveau single mais un album. Il sort le 22 mai prochain sur Harbinger Sound. Arterial Movements et Pressure figurent sur la liste. Les huit autres compos sont inédites. Ça va s’appeler Now Here’s An Echo Of Your Future et pour avoir déjà entendu ce futur, il va pas être de tout repos, ça sera douloureux, intense mais on va quand même bien s’éclater.

SKX (14/03/2020)