faultfinder
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Faultfinder
Brother's Milk – LP
Black Site records 2019

Ça va être encore l’histoire d’un disque dont tout le monde s’en branle de la part d’un groupe qui a mis fin à sa miséreuse existence avant même la parution de son unique album. Un disque déjà enterré avant de voir le jour mais qui marquera très certainement toutes les personnes qui auront eu la curiosité d’y jeter une oreille. Enfin, j’espère pour vous bande de pouilleux.
Faultfinder vient de Kansas City, Missouri, et c’est le genre de punk-noise vicelard qui s’infiltre insidieusement pour ne plus vous lâcher. Un punk-noise qui a des allures de mais finalement non, qui donne l’impression de sonner générique comme tant d’autres alors qu’il est juste ce qu’il faut à la marge, d’un classicisme déviant qui gratte et ne s’installe jamais dans le confort et se soucie encore moins du votre.
Un son à cheval entre noise, post-punk et hardcore, étrangement lugubre et flottant, comme une reverb fantomatique et un rendu osseux. Un rythme jamais vraiment rapide mais pas lancinant non plus, une fausse cadence trompeuse avec plein de pièges à l’intérieur. Et un chant qu’il est impossible de rater. La voix éraillée de Mookie qui est aussi bassiste et parfois soutenu par le batteur, un chat de gouttière hyper vénère qui donne une tenue encore plus spéciale et malsaine à Faultfinder, ce petit truc différent et irritant qui écorche et que j’adore.
Brother’s Milk, un disque à la coloration unique avec des compos fuyantes, hargneuses et déglinguées, incisives et troublantes, qui prennent la tangente alors que tout semblait sous contrôle à l’instar de Megachurch dont le début basiquement punk part subitement vers des méandres tortueux et rampants avec des choeurs de deux invité(e)s et un sample de cloche sonnant le glas d’un groupe perturbé qui n’en fait qu’à sa tête. Un groupe également capable d’éclats mélodiques avec deux guitares au taquet comme la superbe tirade sur la fin I Am The Seizure Lady et sur Moist Clue, de répandre un venin répétitif, angoissant et bizarrement désespéré (le génial Cum In Me, Bro) avec pour compléter le tableau, un synthé aléatoire qui gravite comme un sale pou dans une ambiance poisseuse.
Faultfinder faisait partie de cette race de groupe qui avait compris que le combo hardcore et punk signifiait faire sa propre tambouille et pas comme le voisin. Brother’s Milk, ce genre de secret qui a tout pour devenir culte.

SKX (05/052020)