larsen

Deity Guns
Proto Larsen – LP
Larsen Recordz 2020

Je ne pensais pas chroniquer un disque de Deity Guns en 2020. Une année vraiment étrange. Le sujet était épuisé, tout avait été dit et publié. Les Lyonnais avait même eu le droit à un bel embaumement avec A Recollection, compilation d’Ici d’Ailleurs en 2009 avec tout ce que Deity Guns avait pu enregistrer. Il faut croire qu’il en restait encore.
Djan Mariat, guitariste des Slow Slushy Boys et à la tête d’une structure, Larsen, qui est un studio d’enregistrement, un fanzine et un label, a déterré de vieilles bandes enfouies depuis trente ans. Le tout premier enregistrement de Deity Guns qu’il a lui-même effectué dans son studio qui se situait à l’époque dans une cave voûtée et humide dans le quartier Biollay à Chambéry. Une sainte relique qu’il a remis à la lumière du jour, mastérisée et présentée sur un vinyle à la surprise générale. Qui rime avec joie colossale. Deity Guns les précurseurs, qui a donné ensuite Bästard puis Zëro, jouit toujours d’une belle aura dans les milieux noise autorisés et un peu au-delà. C’est toujours un immense plaisir d’en remettre une couche.
Un 4-pistes, une console, quelques micros rudimentaires, suffisant pour mettre en boite en 1990 huit morceaux qui peuvent être qualifiés de demo. Mais des démos comme ça, j’en veux bien tous les jours. Je ne vais pas vous faire le coup du disque que c’est le meilleur de Deity Guns, le trésor enfoui qui va révolutionner la vision qu’on a sur les Lyonnais. Non, Stroboscopy, le premier disque officiel sorti chez Black & Noir en 91, reste un niveau au-dessus en terme d’impact sonore. Mais il est étonnant de constater que dès leurs débuts, ce jeune groupe avait déjà fortement aiguisé les guitares et Deity Guns était prêt à dégainer. Sans concession, Deity Guns jetait dans la mêlée toute leur jeunesse sonique, de Sonic Youth au Gun Club, dans un fatras qui avait fière allure. C’est cru, direct et bien en place. Franck Laurino à la batterie est déjà à fond. La basse sort de ses gonds. Les deux guitares saignent. Les chevauchées soniques sont fantastiques.
Des huit titres de Proto Larsen, cinq se retrouveront sur Stroboscopy qui comptait six compos. Seul manque à l’appel Optical Burst. Par contre, sur Proto Larsen figurent Railway Pleasure Trip et Bloody Eyes dont il existe une version live sur Electricity. Reste un morceau. C’est un inédit et il s’appelle 43 Stairs. Un titre laissé sur le bord de la route, avec une influence rock'n'roll se faisant plus grandement sentir d’où l’abandon sans doute de la part d’un groupe qui se tournait définitivement vers des horizons plus bruyants et aventureux. Ce n’était effectivement pas leur meilleur titre mais il n’y a pas de petits plaisirs.
Un groupe qui a changé la vision de Djan Mariat sur comment pouvait sonner un groupe en studio. Et qui a changé la vision tout court à pas mal de monde sur ce que le rock en France pouvait devenir à l’époque et qui trouverait toujours un écho à l’heure actuelle.

SKX (14/12/2020)