thecoolgreenhouse
melodic


The Cool Greenhouse
s/t – LP
Melodic records 2020

A l’origine, The Cool Greenhouse se résumait à un seul homme qui répondait au nom de Tom Greenhouse. Cela ne doit sûrement rien au hasard. Une poignée de singles ou cassettes, un 10’’ (Crap Cardboard Pet) à son actif et à l’aube du premier album, changement de braquet. La boite à rythme est remplacée par un vrai batteur (Kevin Barthelemy). Il cède son synthé à Merlin Nova. Un bassiste débarque (Thom Mason) et un second guitariste (Tom O’Driscoll) épaule Tom Greenhouse qui taquinait déjà les cordes et chante. Ou plus précisément, parle. D’un système lo-fi bricolé à la maison en toute décontraction, The Cool Greenhouse passe au stade collectif, toujours détendu, mais bien plus consistant et affriolant.
Si la comparaison avec The Fall revient régulièrement et contre laquelle mon manque de témérité ne serait aller contre, j’entends comme du Sleaford Mods en formation quintet qui serait repris par Beat Happening (ma témérité est vite revenue). L’art de trouver le bon gimmick, le faire revenir en boucle, bien le chauffer, le conditionner dans une rythmique simple et répétitive et narrer des histoires pleines d’ironie, de sarcasmes et d’un humour que je présume très anglais comme eux sur la vie trépidante des individus peuplant ce vaste monde et surtout cette drôle d’île de l’autre coté de la Manche. Bon, j’y comprends pas grand-chose aux paroles qui ne sont pas écrites sur l’insert (on a le droit par contre à un texte sur le processus d’enregistrement et la présentation du groupe par Rafael Nadal) et c’est bien dommage, perdant ainsi une bonne part de l’intérêt de The Cool Greenhouse. Mais je sais me contenter de peu et la seule musique suffit à mon bonheur à la petite semaine. Onze compos acides, alertes, nonchalamment fantasques ou subitement plus durs et laissant entrevoir des idées noires, bloquant sur un mono riff, un seul rythme avec le synthé qui perturbe, distille la mélodie parfois et Tom Greenhouse qui déblatère par dessus de sa voix détachée qui sait cependant appuyer sur les bonnes syllabes. Du post-punk à l’économie qui n’hésite pourtant pas à s’étirer, à prolonger les répétitions, à faire monter la tension sans forcer, à s’emballer naturellement, à s’agiter sous le débit de Greenhouse, à partir en vrille sous les notes d’un synthé qui s’affole, sous les cordes claires de deux guitares aux riffs obsédants sous des airs ludiques ou de ne pas y toucher, sous des rythmes basiquement entraînants. Et sans s’en s’apercevoir, le piège se referme, The Cool Greenhouse nous a rendu accros. Bienvenue dans cette serre abritant de curieux spécimens très attachants.

SKX (24/09/2020)