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Come Holy Spirit
Undiscovered Land – LP
Water Wing records 2020
Come Holy Spirit/Gnarrenschiff
Split LP
Self-released 2019

Undiscovered Land ne s’applique pas à Come Holy Spirit car le territoire du groupe de Pittsburgh commence à être bien connu. Et c’est toujours un immense plaisir quand le trio nous ouvre ses portes. Un quatrième album qui n’est donc pas synonyme de découverte d’un nouveau monde sonore. Et c’est tant mieux.
Come Holy Spirit est sur la lancée de Asters And Disasters. Tout en avançant ses billes. Du punk large d’esprit perdant peu à peu ses oripeaux Dog Faced Hermans/The Ex à la sauce américaine pour coller au plus près de l’actualité qui n’est hélas pas fait pour les rêveurs. Ce qu’est pourtant fondamentalement Come Holy Spirit. Mais le trio n’a pas eu à trop forcer sa nature car il connaît aussi le sens du mot engagé. Si le groupe s'appelle 'vient esprit sain', il n'est pas du genre à tendre l'autre joue.
Undiscovered Land est un disque plus frontal, punk, remonté contre les injustices qui ne manquent pas, allant plus directement à l’essentiel avec une intensité remontant d’un cran avec moins de passages déchirants qui humidifient la pupille. Hormis sur les cinq minutes de Immortal Home, magnifique procession noire et lente qui serre le coeur. Car quand il s’agit d’aborder les questions sérieuses, la bassiste Gina Favano sait rajouter tout le venin nécessaire dans sa voix toujours aussi magnétique comme sur Working Women Are Pissed (Believe Her) et clin d’oeil au morceau de Minutemen Working Men Are Pissed ou pour A.W.O.L., morceau le plus énervé de leur répertoire mais fait avec toujours autant de classe et de pertinence. Ce qui est également le cas du final First World Blues montrant une face plus rock’n’roll pour parler des méfaits du capitalisme, sorte de transe plus répétitive et largement abrasive. Et quand il s’agit d’apporter un touche d’espoir, Favano reprend à son compte les paroles de l’artiste chilienne Violeta Parra sur un Gracias A La Vida qu’on aurait bien vu inscrit au tour de chant de Marion Coutts et son Dog Faced Hermans, tout comme le plus poétique et posé Sky Is Falling.
Come Holy Spirit a encore mis tout son coeur et un peu plus de ses nerfs, l’inventivité d’une section rythmique enlevée (Sam Pace à la batterie et percussions) et les griffures tranchantes de Aaron Lindberg à la guitare pour signer un album qui, s’il reste un ton en-dessous de ces prédécesseurs, n’en reste pas moins une très belle tranche de vie.








Un an plus tôt, Come Holy Spirit avait publié un split album avec Gnarrenschiff, un groupe de Milwaukee sur lequel le trio de Pittsburgh avait flashé en concert trois ans plus tôt. Le fruit de cette amitié, c’est trois inédits pour Come Holy Spirit et c’est toujours aussi envoûtant. Le trio a sorti le grand jeu pour les six minutes de Panacea et ses parties de guitare obsédantes et le chant de Favano qui emmène dans d’autres sphères que terrestres ou les huit minutes de 06 Female, longue mélopée à la sourde tension comme le groupe sait si bien le faire et qui laisse tout songeur avant que l’électricité ne se répande pour mettre le feu. Et le fait que ces deux morceaux soient déjà apparus dans des versions différentes sur Weather, la première cassette du groupe, n’est aucunement un problème. Entre les deux, un court Cormorant Song pour reprendre son souffle et qui n’empêche pas Come Holy Spirit de déployer encore une fois de très belles ailes.
L’instrumentation de Gnarrenschiff interpelle. Deux saz (instruments à cordes d’origine turc), un bodhran (instrument percussif irlandais) et une basse classique. Tout ça par des gars qui viennent du Wisconsin et qui ont l’air parfaitement américains. Et le résultat, s’il est inattendu, n’est pas déplaisant. Gnarrenschiff a beau titiller les territoires de la world music, il a réussi à insuffler une dynamique bien à lui, un mélange de sonorités exotiques, celtiques et électriques assez bluffantes. Quatre titres atypiques qui collent finalement parfaitement avec l’approche de Come Holy Spirit qui sort également des sentiers battus et qui ne pouvait que craquer sur un tel groupe.

SKX (06/12/2020)