baklavaa
20/20


Baklavaa
Sleep Running – LP
20/20 Records And Tapes 2020

Révélation en 2016, Baklavaa avait la lourde charge de proposer un digne successeur à son brillant second album Dane On. Alors plutôt que faire une copie de Dane On, ce qui est très estimable, le groupe de Baltimore a décidé de partir dans d’autres directions, explorer les champs du bruit et ses vastes étendues.
Baklavaa ne renie pas pour autant ses racines et les acquis de ses deux précédents enregistrements. Une certaine base noise-rock reste d’actualité. Mais ce que la quatuor en a fait, ce qu’il a rajouté au-dessus et la manière de le jouer différent assez fortement. Le niveau d’agressivité a baissé, les convulsions ont cessé, la cadence est atténuée tout en étant plus dense. L’ambiance générale est plus calme, posée, avec des textures plus recherchées et variées, une envie d’expérimenter, d’augmenter la dose des effets, triturer le son et vaporiser le chant avec des bribes de saxophone pour faire bonne mesure de la part de l’invité Lucas Rambo.
Voilà pour le constat. Parce que le problème, c’est que ça me fait pas grand-chose. On se retrouve avec une musique baignant dans une sorte de psychédélisme noisy manquant régulièrement de consistance, un état cotonneux et pas grande action de faite pour en sortir. Le couple basse-batterie essaye bien de tenir la baraque et mettre de l’impact, ce qu’il fait d’ailleurs très correctement mais l’ensemble des morceaux manque de souffle pour nous embarquer dans leur monde plus troublé et complexe. De bonnes idées qui restent en suspens, pas exploiter à fond pour des compos pas désagréables au final mais qui ne décollent pas vraiment non plus. Des bouts de nerfs qui surgissent, des rythmiques trépidantes comme sur Sugar Water ou Dsnylnd, morceaux qui possèdent de l’allure (tout comme A Thousand Dinners) mais peinant à enflammer l’étendue d’un disque qui a décidé d’être plus introspectif, se noyant dans le brouillard d’effets ne servant pas à installer des atmosphères réellement prenantes. On se retrouve même à plusieurs reprises agacer par le traitement des chants comme sur Mouthing et surtout Winter où la voix est déformée, ralentie, comme si elle passait à la mauvaise vitesse alors que le rythme plus lourd ne va déjà pas très vite. Des morceaux qui se traînent, quand ce n'est pas carrément possible de piquer du nez comme sur June et encore plus Sleeping Running, titre qui a donné son nom à l’album et finalement assez représentatif d’un disque nous plongeant doucement mais sûrement dans un sommeil qui rime avec un ennui poli. Après la déflagration Dane On, le soufflet est largement redescendu.

SKX (26/03/2020)