aus
staticagemusik


Aus
II – LP
Static Age Musik records 2020

Aus, quatre Allemandes qui, depuis leur Berlin natal, nous refont le coup d’un post-punk en ligne directe avec le début des années 80, voir fin soixante-dix pour traverser les décennies et débarquer comme si de rien n’était dans un nouveau millénaire qui ne compte plus depuis longtemps les groupes qui font du neuf avec du vieux. Il faut donc penser Malaria, Siouxsie and the Banshees, Xmal Deutschland mais aussi, plus près de nous géographiquement et chronologiquement, Le Chemin De La Honte ou Delacave, voir Lithics, un croisement entre un post-punk d’école, distant, sec, rigide, mélancolique et des saveurs plus chaleureuses, rock et mélodiques, des mouvements plus ondulants.
Chant en allemand qui passe anormalement tout en douceur (il a fallu plusieurs écoute pour s’en apercevoir) et à moitié parlé, synthé tapi dans l’ombre mais toile de fond nécessaire pour le décor sur du velours grisaille mais qui sait aussi prendre les devants, cordes aigües de la guitare très sollicitées pour mélodies acides qui trottent dans la tête et la basse omniprésente émettant une vibration sourde sobrement entraînante. Cela donne un second album à l’aura relativement austère et minimale, pas grand-chose qui dépasse du cadre que Aus s’est assigné et il serait même permis de trouver ça parfois trop sage avec notamment un chant détaché, monocorde qui n’aide pas toujours à s’emballer. Mais ces dix compos finissent par révéler leur petite musique interne, des griffures entêtantes, une sombre atmosphère tranquillement hypnotisante et une tension capable de faire basculer la tendance vers un rock plus dur et angulaire aux entournures. Un rien suffit à Aus pour écrire des morceaux attachants et paisiblement obsédants, des hymnes underground en devenir comme le superbe 1000 Umdrehungen. Et c’est ce rien qui demande un peu de temps à se manifester. Mais lentement et sûrement, Aus installe sa structure dont l’éclat qui renvoie des images du passé joue de son atout mélodique pour briller sur la longueur, naviguant entre rudesse et harmonie, alternant le chaud et le froid pour vivifier les sensations et accoucher d’une carte plus personnelle. C’était pas gagné d’avance mais finalement, Aus le fait très bien.

SKX (22/10/2020)