totallyunicorn
farmerandtheowl


Totally Unicorn
Sorry – LP
Farmer & The Owl records 2019

Je ne sais pas pourquoi Totally Unicorn est désolé mais Sorry n’a en tout cas pas à s’excuser d’être un mauvais album. Alors oui, il faut aimer la férocité, se faire rentrer dedans sans cérémonial, se brosser les dents avec de la craie. Il faut passer outre le chant qui aboie méchamment et ne fait pas dans la dentelle tout en étant impossible de reprocher à Drew Gardner de mettre ses tripes et son coeur sur la table ainsi que ses failles et sa lucidité (I don’t know how to sing/But I don’t give a flying fuck, paroles introductives et préventives du morceau qui a donné son nom à l’album).
Le deuxième album des Australiens de Totally Unicorn décape, récure plus blanc que blanc, mélange violence hardcore, animalité noise en désossant le metalcore. C’est un sacré coup de sang qui va à l’essentiel sans les poncifs de la technicité, à sec, brutal. Totally Unicorn monte à cru et c’est rodéo tous les jours.
C’est aussi une vision réductrice d’un disque qui piétine la gueule avant de donner une seconde chance. Si les cinq titres de la face A sont particulièrement et unanimement véhéments en balayant d’un revers de main primaire tout ce qui a pu être fait dans le genre et avec une saine propension à mordre dans la vie pour mieux la déchiqueter sans se poser de question, Totally Unicorn brouille les pistes avec la face B. Des mélodies pointent le bout du nez sous la ferraille dégringolante. A Song For The Dead Shits et Alley (Fucking) Cats accentuent le relief, rallongent le tir, le drame se pointe (I’ll Be Fine Now), l’ambiance devient plus désespérément enragée que brutalement en colère, ce qui fait une mince mais réelle différence. Totally Unicorn démontre son habilité à fignoler ses compos. L’histoire s’assombrit tout en perturbant un ordre trop vite établit. L’agression se dilue pour mieux frapper et flatter les bas instincts qui en sortent grandis. Sorry gagne ses galons d’album plus complexe qu’il n’y paraît et ce groupe totalement licorne est une drôle de bestiole franchement pas mièvre ne demandant qu’à se faire apprivoiser.

SKX (13/09/2019)