sutphin




Sutphin
Medicine Machine – CD
Self-released 2019

Medicine Machine est le second album de Sutphin mais c’est comme si c’était le premier. Le précédent en 2017 (Pocketnapkin) n’était sorti qu’en cassette et surtout, ce n’était qu’un brouillon de jeunesse que Medicine Machine envoie valdinguer d’un brusque revers de main. Ce jeune groupe de Wichita (Kansas) n’a gardé que le coté le plus noise, le plus abrasif, le plus sale pour faire de Medicine Machine un délicieux breuvage qui rend plus fort, plus beau, plus cinglé.
Sutphin se met d’entrée de jeu dans le rouge avec Vomit Date. Riff nerveux, déluge de batterie, basse qui bastonne, chant saturé et intense, ça fritte dans tous les coins, ça grésille dans le moindre espace, de la crasse électrique qui récure les tympans, les retourne, les fait briller, le tout avec un allant qui vous embarque sans round d’observation dans leur folle farandole. Et Sutphin ne va jamais faiblir sur les huit morceaux suivants. Le deuxième, Softspoken, est même encore meilleur. Quelque chose de The Stnng dans les gênes en plus cheval fougueux, l’accroche des riffs sur du charbon ardent, aller à l’essentiel sans rien omettre puis rajouter quelques pièges, quelques convulsions, un batteur en feu pour accroître la dépendance comme sur Jack And The Red Horse et le grandiose Charles et finir sur du plus long qui prend le temps de souffler, varier les rythmes, jouer sur les sentiments sur un mid-tempo appuyé (Waiting On A Brother), apporter de la finesse, voir suggérer un swing jazzy sur Anemia ou Sheepskin et c’est déjà terminé. Mais pas pour longtemps. La touche repeat est déjà enclenchée. Sutphin vient de signer un album de noise-rock remarquable, qui ne le bouleverse pas mais la qualité des compos est là et elles sont toutes à tomber, l’exaltation, l’urgence, le sombre, le sens du punch et il frappe de plein fouet. Saisissant.

SKX (25/03/2019)