slumberland
consouling


Slumberland
Sea, Sea, Sea, Drifter – LP
Consouling Sounds records 2019

Slumberland évoquait jusqu’à ce jour le label californien en activité depuis 1989, le soleil, la pop. Ça évoquera désormais et essentiellement un projet inclassable, la Belgique et un ciel un peu plus gris.
La tête pensante de Slumberland s’appelle Jochem Baelus. Un musicien et cinéaste qui a quitté le groupe Echo Beatty pour se lancer en 2013 dans l’aventure solo avec un premier album sous le nom de Slumberland. Il a surtout la particularité de fabriquer ses propres instruments, ou plus exactement, un système d’objets détournés de la vie courante, un assemblage fabriqué par ses mains qu’il a expertes reliant des machines à coudre, des aiguilles et autres instruments propices à générer des rythmes naturels. Une approche musicale très percussive, mécanique, complétée par la présence de deux batteurs, Alfredo Bravo Ebner et Frederik Meulyzer.
Et pourtant, Slumberland ne se résume pas à un labyrinthe de rythmiques originales. C’est soutenu et agrémenté par guitare, basse, synthé, orgue hammond et surtout, c’est au service de magnifiques compositions. Vous avez du Bästard et Zëro là-dedans, dans cette musicalité et cette élégance affûtée mais aussi du Suicide et du Tom Waits, surtout pour le chant, la façon de le poser, grave, profond et légèrement inquiétant que des chœurs féminins viennent parfois étayer pour un spectre vocal élargi. Slumberland a beau être un projet solo, c’est loin de sonner comme un exercice solitaire et minimaliste. C’est sombre, pénétrant, parfois répétitif pour faire monter l’hypnose sur des morceaux généralement assez longs. Des polyrythmies martiales, tribales, entraînantes, recherchées, complémentaires, jusqu’à élaborer un canevas mélodique, ce que la guitare sait aussi très bien faire pour s’immiscer dans un angle plus rock et chaleureux (Roomers Of Rumours) ou Rashomon qui montre en un titre toute l’impétuosité et l’étrangeté de la musique de Slumberland. Une étrangeté belle, enveloppante et envoûtante.
Sea, Sea, Sea, Drifter, second album singulier qui a l’expérimentation sensible et excitante. A l’heure où trop de disques peinent à sortir du moule et que tout le monde est revenu de tout, vous feriez bien de vous pencher sérieusement sur le cas de Slumberland.

SKX (23/12/2019)