rainbowgrave
godunknown


Rainbow Grave
No You – LP
God Unknown records 2019
Sex Threat – 7’’
God Unknown records 2018


Quand les termes arc-en-ciel et tombeau sont associés, c’est que l’esprit qui a crée cet assemblage doit être foncièrement tordu et malade. Rainbow Grave est tordu et malade. Des vieux esprits hantant les décombres de l’Angleterre, remuant la merde et n’offrant comme horizon qu’une mort certaine et douloureuse. Paye ton arc-en-ciel et prend tout de suite une pelle.
Des vieux de la vieille qui traînent leurs guêtres depuis des lustres et ont laissé de profondes traces chez Napalm Death, Scorn, Doom, Sore Throat, Police Bastard (Nicholas Bullen et John Pickering, voix, guitares, electronics, effects). Que du tendre complété par la paire rythmique Nathan Warner (basse) et James Commander (batterie, Vile Sect) sans oublier sur deux titres le saxophoniste Benjamin Thomas (Vile Sect, Black Veins).
Rainbow Grave broie le punk, le bruit, l’étire, le fume, verse de l’acide, le ralentit, l’écrase et le transforme en un produit toxique pour trinquer avec Brainbombs, Flipper ou Stick Men With Ray Guns. Nihilistes de tous pays, unissez-vous. Une lenteur vénéneuse mais rassurez-vous, vous serez incapable de vous endormir sous le doux punk-noise oppressant de No You. Descente aux enfers avec Year Zero et son saxo pour souffler sur les braises qui en remet une couche sur le vicieux et mordant Assassin Of Hope. Lourdeur implacable et mono-riff pénétrant jusqu’à ce que la cervelle déborde sur Ten Millions Tons Of Shit (vous remarquerez au passage l’insouciance et l’euphorie des titres), le tout craché à travers un écran psychédélique malsain, des effets pour encore plus pourrir ta misérable vie, jusque dans le chant de Bullen qui n’en peut plus et vomit tout son fiel de sa belle voix éraillée et trafiquée. Et il faut saluer derrière ce mur de distorsions un certain brio crasse pour rendre No You mortellement crédible dans ses noirs desseins, secouer la médiocrité humaine par un sens aigu du rock qui lacère et rend plus dingue (comme le percutant Brainsick qui met sur les rotules) avec une panoplie de riffs de maçons et de rythmes répétitifs et inflexibles. Rainbow Grave vous entraîne sans coup férir dans leur chute et quitte à être perdu et fini, autant y aller gaiement.






Un an plus tôt, Rainbow Grave avait aiguisé ses couteaux avec un single. Deux morceaux qui ne figurent pas sur No You. C’est bon à prendre. Et pas besoin de round d’observation avec Rainbow Grave. Leur nihilisme était déjà chaud bouillant, viscéralement irrattrapable pour remettre au goût du jour les fondations du punk avec Sex Threat et You Are Nowhere, sa voix totalement déglinguée, sa rythmique qui essaye de s’échapper en accélérant le mouvement mais qui ne fait que courir Rainbow Grave à sa perte en le jetant violemment contre un mur.
Et pour être tout à fait complet, il reste un ultime titre. Il s’appelle Death Pyramid, soit six minutes de flagellations sonores et se trouve en compagnie de Orthodox sur un split single de la série du club singles du label anglais God Unknown publié au tout début de 2018, année qui voyait ainsi débouler dans le paysage un groupe sans concession et qui fait mal. On en redemande.

SKX (14/11/2019)