pascagoula
drycough






Pascagoula
The Path / The Cross / The Aftermath – LP
Dry Cough, Badlads records 2018

Le chemin, la croix, la conséquence. Venez faire pénitence avec The Path / The Cross / The Aftermath. Ce sera dur, ce sera long, les souffrances seront légion mais la délivrance sera au bout. Le premier album de Pascagoula est un sacré Golgotha où vient se crucifier un noise-rock massif, écorché, volontiers lent et écrasant, armé d’une impulsion punitive et aux coups de grisou redoutables et tonitruants.
Le chemin n’est pas aisé, fortement caillouteux, boueux également, des riffs qui collent aux semelles, un accordage bas pour racler le sol, des structures pleines de méandres piégeux qui prennent du temps pour arriver à terme et vous éclabousser de toute sa crasse poisseuse. On pourrait s’y perdre, être perplexe, meurtri et usé dans sa chair par les secousses reçues tant elles sont nombreuses. Il fait très sombre là-dedans, Pascagoula n’est pas accueillant, se montre dur et intransigeant. Curieusement, ce premier album est pourtant totalement exaltant et irrésistible.
Un éclat noir et humide avec une rythmique pénétrante, une basse divinement distordue qui rentre dans le gras, des explosions contrôlées et fracassantes éclairant le propos, illuminent les morceaux tout en les saccageant, les boostant, les amenant sur des territoires méchamment carrés et diaboliquement rock. Le guitariste sort ses plus beaux arpèges. Le groove sait se faire plus souple et entraînant (Screw) ou suit un mid-tempo appuyé de toute beauté. Le chant souvent proche du parlé et prêt à mordre sait moduler les intonations, apporter de la variété, sifflements entre les dents qui se convertissent en complaintes déchirantes. Huit morceaux avec une personnalité prononcée qui finissent par laisser une empreinte profonde. Un univers tortueux, noueux, lourd que Pascagoula tempère avec une approche plus basique, des riffs droits et efficients, des rythmes qui claquent, des envolées poignantes, des breaks qui cassent en deux et des reprises de volées magistrales. C’est Craw au pays du sludge et le déluge à visage humain, même tourmenté sous l’effort.
Pascagoula était le nom d’un bled dans le Mississippi rendu célèbre par deux types du coin qui avaient soutenu mordicus en 1973 avoir été enlevé par des extra-terrestres alors qu’ils péchaient, devenant ainsi une des histoires d’enlèvement par des OVNI les plus connues. Ce sera désormais aussi le nom d’un groupe anglais qui provoquera peur et respect dans les chaumières. Et ça, c’est bien réel.

SKX (19/02/2019)