nervøs
bitterdose









Nervøs!
Doomsick – LP
Bitter Dose records 2019

Oui, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et Nervøs! va une nouvelle fois le prouver. Découvert par un récent single qui avait marqué son territoire, le groupe norvégien passe au format album. C’est à dire seulement trois titres vastes comme une nuit polaire et faisant tomber un voile de bruit occulte, massif et tourmenté qui pétrifie sur place.
Brainbombs ridiculisé sur ses propres plates-bandes et explosé dans les grandes largeurs, rythmique soutenue, mouvement répétitif comme il se doit et qui n’est pas vain. Nervøs! aime mettre de l’intensité, de la nervosité, se heurter à un mur jusqu’à ce qu’il craque car ce n’est pas le quatuor qui va céder le premier. Nervøs! a la tête extrêmement dure et cette propension à appuyer tous les coups, cette férocité désespérée sont totalement aliénantes.
Ça et le son dantesque que le groupe s’est construit. Le chant pugnace de StienRa S qui passe dans la moulinette de ses pédales d’effets pour émerger de la masse sonore, plus son attirail de synthés, electronics pour tapisser le fond de bruits rugueux, sales, rampants. Le saxophone à temps plein et meurtrier de Malibu Sigrun, version L.A. Blues des Stooges au vitriol qui hante les morceaux, les riffs saignants et la règle générale du tout dans le rouge, de l’entassement de strates de bruits qui ne noie pas mais enveloppe dans un linceul de folie pour mieux transporter et transcender. C’est la touche Nervøs!, c’est exigeant certes mais c’est avant tout prenant à rendre dingue, ensorcellement par la face noire.
Sur la face A, Repeat Repeat Repeat et Elevator, plus lancinant pour le premier nommé, plus frontal et pas dénué d’un groove mordant pour le second, ne font pas de quartier, lance Nervøs! sur la voie royale et surtout prépare à l’assaut de Endings qui remplit tout l’espace de la face B. Un trombone (Erik Chan) et un violon (Helen T) viennent se greffer au monstre. Le son passe plus d’une fois de l’autre coté de la frontière, des bruits de l’au-delà couvrent l’ensemble, ça devient irréel, hyper bruitiste, se scratchant dans une grande gerbe de lave dégueulasse et sur une rythmique ne déviant jamais d’un iota, de quoi avoir des pulsions de mort il est possible d’avoir. Et comme vous en avez jamais assez d’en prendre plein la tronche, l’album Tired publié en 2016 en cassette et bénéficiant d’une sortie vinyle en 2019 par l’impeccable label anglais Bitter Dose est fortement conseillé.

SKX (10/09/2019)