membrane

Brûler vos ponts n’est pas synonyme de révolution pour Membrane. Le groupe de Vesoul ne coupe pas avec son passé mais ça ne l’empêche pas de résolument regarder devant lui. Burn Your Bridges, cinquième album qui voit Membrane faire du Membrane. Avec une passion dévorante et toujours sans faiblir. Revenu en mode trio, Membrane sait mieux que quiconque sublimer ce noise-rock lourd, pénétrant aux contours post-hardcore à la belle puissance dramatique. Interprétation sans faille, force d’implacables morceaux, Membrane ne perd jamais le fil et Burn Your Bridges est un rouleau-compresseur qui laisse le soin de respirer.
Les pièces peuvent être longues (Stand In The Rain et At Long Last, soient les compos qui ouvrent et ferment l’album) avec des rythmes ralentis pour magnifier la tension, créer un manque, être suspendu au-dessus d’un gouffre, faire ressortir tout le coté poignant, l’urgence latente et les mélodies qui finissent par émerger des ténèbres (le riff de Windblown par exemple).
Les fragments peuvent également être virulents, saillants (Childhood Innocence, Fragile Things) avec Membrane qui rentre dans le lard, un groove violent, la fièvre qui se libère et fait tourner les têtes. Dans la lignée du précédent maxi Erase, Membrane fait preuve d’une grande maîtrise, joue méchamment carré tout en laissant beaucoup d’espaces, un brin d’espoir à l’intérieur de morceaux qui bouillonnent en leur sein.
Les voix ont toujours été importantes chez Membrane, rajoutant une intensité, un poids non négligeable, un déchirement à la pression et la noire beauté ambiante. Que ce soit la principale, celle du guitariste Nicolas Frère mais aussi les backing vocals (le bassiste, Nicolas Cagnoni). Sur Burn Your Bridges, le trio a creusé l’idée entrevue sur Reflect Your Pain, c’est à dire inviter un chant féminin. Ona Chrysis (du groupe Moon) apporte sa contribution et ses vibrations non pas sur un seul titre mais sur trois. Et comme si ça ne suffisait pas, Fred Boudot (Generic, Orchestra) se mélange aux choeurs sur trois autres morceaux. Et ce n’est pas terminé. Des samples plus nombreux font également une apparition, s’enchevêtrent dans les méandres chargés en émotion brute de Burn Your Bridges. Nous aussi nous sommes tous des singes.
Les ponts peuvent bien brûler, Membrane résiste à tout et continue son chemin sans faillir.

SKX (15/09/2019)