hairpuller
nadinere


Hair Puller
Old Friend – LP
Nadine records 2018

Commençons par la fin avec Valley Of Fire dont le titre résume parfaitement les neuf morceaux précédents de Old Friend, premier album de Hair Puller, trio de Portland. Une vallée de feu qui a tout ravagé sur son passage, un groupe qui y va au lance-flamme et qui est au noise-rock ce que Oozing Wound est au trash. Hair Puller le transcende, joue avec les codes, le malmène, le bourrine dans les flancs et lui brûle les chairs. Hair Puller tourne autour du noise-rock et le brutalise avec une épaisseur rougeoyante de sludge, du hardcore qui bûcheronne tous les coups et du vil metal qui taquine les bordures.
Le batteur (Steve Seal) ne fait pas mine et tape comme un sourd. Il forme avec la bassiste Ledena Mattox qui a compris qu’une basse n’était pas faite pour être en retrait une redoutable paire rythmique violemment éprise de liberté et de toute puissance. Pendant ce temps là, le guitariste Eric Leavell fricote avec le diable, est à deux doigts du solo, freine avant l’accident fatal et applique des riffs aussi pachydermiques qu’enflammés. Il te fait sentir l’odeur du metal mais opte finalement pour le béton armé. Ou des rivières de lave, ce qui revient au même parce que tout ça est infranchissable et plus fort que toi.
La touche finale qui fait que ce feu ne peut être circonscrit est le chant. Ou plus exactement les chants, guitariste et bassiste unissant leurs forces régulièrement pour littéralement s’arracher les cordes vocales en continu, sans jamais faiblir, comme si les flammes de l’enfer leur léchait les fesses. Cela pourrait paraître fatiguant sur la longueur mais c’est tout le contraire qui se passe, l’ultime extrémité d’un disque qui ne fait pas dans la demi-mesure, finit par te dévorer vivant et mis en boite en partie par Robert Comitz, guitariste-chanteur de Marriage+Cancer. Autant vous dire que ça sonne.
C’est tout à fond, dans la passion sans le bouillon, avec discernement mais sans concession. Ce qu’il faut de respirations, d’articulations et de subtilités pour franchir les obstacles sans perdre (trop) de points de vie, écrire des titres épiques qui passent comme des uppercuts pour terminer donc par Valley Of Fire, mid-tempo déchirant qui achève même les plus durs. Un groupe qui mérite bien son nom. Hair Puller arrache les cheveux (pour ceux qui en ont encore) par poignées, les dents, la peau aussi et tout le reste. C’est en force, avec un style incomparable pour un disque diaboliquement jouissif.

SKX (04/03/2019)