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Grand
Plateau
Broom Wagon – CD
self-released records 2019
Un disque reçu l’été dernier avec l’unique
mot suivant : Je me permets de t’envoyer notre nouveau disque
autoproduit sorti en juillet. Fais-en ce que bon te semble.
Très laconique et qui en même temps en dit long. Le trio
lyonnais se présente sans prétention (ou plus exactement
ne se présente pas et cette absence de bio et infos à la
gloire du groupe devrait être la règle générale),
un groupe purement DIY, fait en dilettante, qui prend son temps (leur
enregistrement précédent remonte à 2011) et comme
tant d’autres groupes ne font de la musique que pour l’amour
de la musique. C’est beau. Mais c’est aussi à prendre
tel quel, après eux le déluge, uniquement pour l’amour
de la musique qu’on vient de vous dire et qui n’en a pas grand-chose
à foutre de tout ce qui se passe autour de leur groupe et ce qu’on
en pense (mais un peu quand même). Un mot qui semble dire que leur
musique n’est pas importante, qu’elle ne va rien révolutionner
(et c’est aussi vrai pour 98% des disques), que de toute façon
elle va complètement passer inaperçue dans le flot incessant
des sorties dont certaines se croient tellement importantes. Mais c’est
notre musique, faite avec humilité, sincérité et
passion et faut jamais prendre ça à la légère.
N’est ce pas mon cher Louis ?
Alors oui, Broom Wagon n’est pas un disque qui va changer
la face du monde, s’inscrit dans un style bâtard que l’on
pourrait vaguement qualifier de noisy-punk, ne cible pas un public précis
féru de courants à la mode, pourrait être sorti dix
ans plus tôt ou dans huit ans et demi mais il a le don d’engendrer
des morceaux accrocheurs. Des morceaux devenant plus addictifs qu’on
ne pensait au préalable, diffusant des ondes positives et abrasives,
avec de belles tirades d’une guitare bruyante trempée dans
des effets brumeux pour étirer la sensation de sombre mélancolie
latente et tenue par le gars qui chante aussi mais pas trop. Un disque
d’obédience instrumentale, un dialogue cohérent entre
une guitare et une basse brillante et souvent mélodique, un dialogue
fragmenté, appuyé par de grandes claques dans la batterie,
un dialogue qui laisse place à l’émotion plus qu’à
la technique, sans parole inutile mais avec un enchevêtrement recherché
pour tisser une toile qui a du répondant et ne s’effiloche
pas au bout de deux écoutes trois quart. Un disque fait avec simplicité
et amour, qui a le bon goût d’avoir un titre se nommant Cop
Shot Cop (oui, avec un seul O à Shot) et se répand comme
un bon venin à gestation longue. Faites-en ce que bon vous semble
mais vous feriez bien d’y jeter une oreille attentive.
SKX (11/11/2019)

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