damnteeth
buzzhowl

Damn Teeth
Real Men – LP
Buzzhowl records 2019

Damn Teeth, c’est bien plus qu’une douleur qui t’arrache un cri soudain. C’est un coup vicieux, à l’apparence presque avenante mais qui arrive de façon fragmentée avec différentes couches de lecture allant crescendo dans le supplice, le sourire s’effaçant trop tard quand le mal montre son vrai visage.
Deuxième album du quintet écossais (Glasgow) avec des ex-Thin Privilege dedans, Real Men ne s’adresse pas qu’aux hommes, les purs et durs. Au contraire, il s’en moque, les dénonce, les voue aux gémonies. La bande-son va être épique et grinçante. La rencontre de Pop.1280 avec Psychic Graveyard, un truc froid, électronique, paranoïaque mais dansant, bizarrement agréable, mélodiquement étrange et baroque à la Dead Rider ou Xiu Xiu.
Les synthés ont pris le pouvoir, reléguant les guitares au second plan, voir à la décharge. Les sons flippants et les triturations se heurtent à des mélodies qui cherchent à voler. Les ondes sont tour à tour maléfiques ou ludiques, s’entrechoquent dans des textures hétéroclites, vrillant autant le cerveau qu’elles l’alimentent d’une énergie positive et entraînante. Les chants sont également à double tranchant. Mélange d’une tendue et sombre complainte mâle, de chants féminins plus dociles capables à tout moment de partir dans une hystérie aiguë, il en résulte un canevas vocal prenant.
Damn Teeth aiguillonne l’épiderme, agace les gencives sur un ou deux titres moins bien inspirés comme The People vs. The Real Men, l’architecture souvent osée ne marchant pas à tous les coups. Dans l’ensemble, c’est un album psychotique, grimaçant, un disque de noise-synthé dérangé qui ne fera danser que les plus malades qui n’ont pas peur des sensations fortes, désorientant mais trouvant sa cible à maintes reprises. Les Real Men n’ont plus qu’à se tenir à carreaux, Damn Teeth a détaché sa camisole de force et vole dans les plumes d’un monde aux abois, l’asticote, l’explose souvent sans se soucier des conséquence, tente de vous faire perdre vos repères. L’expérience vaut largement le détour.

SKX (09/07/2019)