
cherubs
relapse
|
Cherubs
Immaculada High – LP
Relapse records 2019
Cherubs insiste. Cherubs s’obstine. Cherubs sort un troisième
enregistrement de sa seconde vie. Et ce n’est toujours pas ça.
Tout le monde est globalement d’accord pour dire que c’est mieux
que l’album de retour 2
Ynfynyty et (ce n’était pas dur) l’anecdotique
single Fist
In The Air. Mais il ne faut pas se voiler la face sous le couvert
d’un amour incontrôlable pour un groupe que vous avez porté
aux nues et qu’il faudrait continuer à aimer coûte que
coûte car la déception, c’est moche.
Cherubs n’assène plus claque sur claque. Au mieux, des giflettes.
Qui laisseraient presque sans réaction. Que tu tendrais l’autre
joue que tu ne ressentirais pas plus. Parce que même dans les morceaux
les plus réussis comme Turista ou 18th The Number,
il est difficile d’y croire à fond, difficile de s’y
abandonner, que le pilotage automatique n’est jamais très
loin de leurs paluches texanes. Et que dire des morceaux les moins réussis.
De ces longueurs monotones dans lesquelles Cherubs se diluent, s’étiolent,
s’écrasent sous le poids d’un psychédélisme
comme un écran de fumée ne cachant pas le manque d’inspiration,
de ces couches de bruits plus shoegaze que noise, de cette basse si importante
ne rentrant plus dans le lard, de cette voix du guitariste Kevin Whitley
qui ne jaillit plus des tripes.
Aux débuts des années 90, quand Cherubs a sorti ses premiers
disques et surtout la masterpiece Heroin
Man, le trio bouffait la vie par les deux bouts, brûlaient
toutes les chandelles, s’injectaient dans les veines tout ce qui
passait à portée de main, asséchait tout ce qui devait
être assécher. Il faut croire que pour faire cette musique
de cinglés et posséder le feu sacré, il fallait côtoyer
l’enfer. Désormais rangé des bagnoles, ce qu’on
ne peut leur reprocher, il ne reste plus que l’enveloppe sans la
fièvre, la folie, l’âme damnée qui bouillonnent
à l’intérieur et tentent de s’extirper par tous
les moyens en provoquant un maximum de dégâts magnifiques
parce que c’est une question de vie ou de mort. Leurs années
noires, leurs années de gloire. Depuis, ne reste plus que des disques
d’un aimable noise-rock.
SKX (15/10/2019)

|
|