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Bloody Head
Narco Bulldozer/Black Dog Blues – 7’’
Viral Age/At War With False Noise records 2019
Freedom/Mobility/Speed – 12’’
Viral Age records 2018

Bloody Head, la tête dans le sac. Noise-rock suffocant, les Anglais (Nottingham) de Bloody Head aime serrer le nœud, étouffer leur proie sereinement, dans un geste sale et répétitif. Sur le livret douze pages de leur premier mini-album Freedom/Mobility/Speed paru en septembre 2018, Bloody Head a écrit noir sur blanc listen to Kilslug. Plus qu’un indice. Les rois miséreux du dirge punk en référence. Ou du sludge, tout dépend de l’époque. Choisissez votre glaviot, l’important est l’épaisseur et la force avec laquelle il va s’abattre sur sa cible. Avec Narco Bulldozer, dernier jet en date, c’est en plein dans le mille. Une basse qui racle les bas-fonds, un bruit de tracteur piétinant des champs de vermine couplé à des toms de batterie mortifères. La guitare siffle, couine, répand la rumeur et elle fait mal, ne se contrôle plus. Quant au blues du chien noir, il pleure à la lune dans un lent mouvement rongé par la souillure une histoire ordinaire qui devient obsédante. Bloody Head, c’est de la répétition, du basique qui aime se cogner la gueule jusqu’au sang, un pestiféré obtus et sombrement sarcastique.



Avec une drôle de devise sur leur premier vinyle qui succédait à deux cassettes. Freedom/Mobility/Speed, c’est un doigt d’honneur diabolique au néant, un enterrement de première classe sous des couches accrues de bruits noirs, de scories laissant un goût de cendre dans la bouche, une frappe plus lourde et méchante sur Gotta Lotta Love et Full Of Nothing et puis la répétition jusqu’à l’asphyxie sur Broke Dick Blues, cortège funèbre ployant sous la complainte d’un chant qui n’en peut plus. Le summum est atteint pendant This Is War, surtout quand il hurle ensuite d’un air faussement étonné Okay, wow. Brainbombs, Fudge Tunnel, Head Of David, autres références pour cerner la bête. Bloody Head le fait avec ses moyens, retourne l’arme contre lui, ne sait plus où aller, Upstairs/Downstairs/Nowhere pour enchaîner par Rats/Rats/Rats. Ode nihiliste et crade à souhait, c’est tout ramassé et mal léché mais avec une vraie brutalité engageante derrière, primaire et venimeuse. Une belle tranche de vie.

SKX (10/04/2019)