xaddax
skingraft



Xaddax/My Name Is Rar-Rar
Ripper/Mr. Deer - Split CD
Skin Graft records 2018

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer. Venant de Skin Graft records, ce n'est pas surprenant. Cette nouvelle production du label de Chicago est un vinyle mais aussi un CD. Sur le single, vous avez deux titres de Xaddax et deux titres de My Name Is Rar-Rar. Les deux titres de Xaddax figurent aussi sur le CD tout comme les deux titres de My Name Is Rar-Rar mais ces derniers ont rajouté huit morceaux supplémentaires. Et le CD comporte deux pochettes différentes. Une avec Xaddax, l'autre avec My Name Is Rar-Rar limitée à 125 exemplaires et avec un ordre différent des morceaux. Et puis dans certains disques, vous avez des coupons de téléchargement, d'autres non, qui donnent accès à un titre bonus, ou pas, fallait faire attention au petit astérisque en bas à droite et bien lire le contrat. L'option que vous avez à l'écran, c'est le CD douze titres avec couverture Xaddax, sans téléchargement et sans cadeau parce que pourquoi s'emmerder à acheter le 45 tours, sauf si vous êtes un fétichiste de l'objet noir, alors que vous avez tout pareil et trois fois plus même sur le CD ? Faites votre choix et bon courage. Mais ça tombe bien, la musique que vous allez vous empaffer n'est pas simple non plus.

Xaddax n'avait pas donner de nouvelles depuis 2012 et leur premier album Counterclockwork. Pour les retardataires, Xaddax est la somme dans un sens ou dans l'autre de Chrissy Rossettie-Sakes (batterie & traficotage électronique) qui jouait aussi dans My Name Is Rar-Rar plus son mari de guitariste-chanteur, l'ex-Dazzling Killmen Nick Sakes. Six années de silence débouchant sur deux nouveaux malheureux titres. C'est peu mais on va savoir s'en contenter. Surtout avec le titre principal Ripper alors que Bug March est un instrumental plus secondaire. Par contre, quand le chant de Nick Sakes est présent, il donne une plus-value indéniable, une hargne qui transcende le noise-rock mutant de Xaddax. Long jet continu d'une guitare sur un accord et demi, batterie en saccade, un synthé qui fait comme une basse au ralenti, le tout traversé d'orage d'effets perturbateurs, la voix tour à tour intense ou susurrée avant le coup de couteau, Ripper est effilé et a la niaque. C'est quand ils veulent pour du rab.

Attaquons maintenant le cas My Name Is Rar-Rar. Question mutant, c'est également du sérieux. Les deux créateurs du monstre sont un poil connus. Chuck Falzone (guitare) et Jonathan Hischke (basse) ont fricoté avec Weasel Walter au sein de The Flying Luttenbachers. Avec Chrissy Rossettie (batterie) puis Camilla Ha et surtout Greg Peters (ex-Xerobot) au chant, My Name Is Rar-Rar avait le nom parfait pour faire une musique étrange et décalée. Ce groupe de Chicago n'a jamais fait beaucoup parler de lui au début des années 2000. Un pauvre split single avec Neon Hunk en 2002, un CDr sur le label portugais 8mm records en 2003 et puis c'est tout. Ou presque.
Un album, Mr. Deer, avait été enregistré en 2003 mais le groupe splittant entre temps, il n'a jamais vu le jour. Jusqu'à cette année bénie où le monde entier va enfin pouvoir comprendre son malheur. Un petit coup de remix et les dix morceaux de Mr. Deer se répandent comme l'acide sur un os, détruisant les repères, les microbes et toutes traces d'humanité. Une musique joyeusement et méchamment débile mais affreusement consistante. Un jeu vidéo pour zombies aux rythmes azimutés, convulsifs comme tout ce qui ressort de leurs instruments, cordes vocales comprises. L'extraverti Greg Peters ne prononce aucun mot connu de ce monde mais des borborygmes, des spasmes, un furieux échappé d'un cartoon, des hurlements de damné, des cris de singe ou de bouledogue, des bruits totalement crétins qui sont pour beaucoup dans l'excentricité de My Name Is Rar-Rar. Ça donne des morceaux épiques comme Look Sharp !, Pirates ou Hounds figurant aussi sur le single avec Aachen, du free-jazz-punk pour asile psychiatrique, une noise épileptique, ludique et néanmoins sans cesse agressive qu'il ne faut pas chercher à comprendre même si les gaillard-e-s savent très bien ce qu'ils font. Juste se laisser secouer comme dans un shaker géant, retrouver son âme d'enfant et son sourire d'alien, aimer tourner sur soi pendant trente secondes et voir ce qu'il advient ensuite de son équilibre. Ce n'est pas de tout repos mais dans l'ensemble, c'est perversement jouissif.

SKX (30/03/2018)