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Twenty-One Crows
Workhouse Blues – LP
Endless records 2017

Deux disques en 2017 pour Twenty-One Crows, c'est quasi miraculeux. Après le récent deux titres Attrition, les vingt-et-un corbeaux s'envolent rapidement à nouveau pour nous présenter leur version du blues. Si tu aimes la ballade déchirante et le vague à l'âme, tu vas être servi. Un drôle d'oiseau.
Workhouse Blues, un album uniquement composé de cinq titres mais pratiquement quarante minutes de beauté mélancolique. Le fidèle accordéon en bandoulière, l'acoustique de la guitare, la voix chaude de Jon Griffin (dont un article sur un de ces anciens groupes, The Pushkins, lui a été consacré), les vibrations de la basse, les coups calculés de la batterie et les éclats électriques quand le spleen devient trop intense.
Des histoires de papillon et de grand-mère, quel morceau a été joué en dernier par l'orchestre du Titanic, un hommage à l'actrice du cinéma muet Alma Rubens ainsi que la Somme et les hommes qui ont foulé sa terre pendant la 1ère guerre mondiale. Avec les sonorités de l'accordéon et ces histoires d'un autre temps, flotte plus que jamais un parfum de nostalgie sur Workhouse Blues, une ambiance surannée (surtout l'instrumental Gentlemen, Play On et sa fin bruitiste censée représenter le naufrage du Titanic dans les profondeurs de l'Atlantique) que les mélodies de Twenty-One Crows et son approche dépouillée viennent toujours sublimer.
Un album sans âge, en dehors des sentiers battus, le noir et blanc dans une remise en lumière. Entre folk sombre, musique décalée et expérimentale, rock épuré et balade rupestre, l'univers de Twenty-One Crows touche une nouvelle fois au plus juste. Le disque ouvre sur le titre qui a donné son à nom à l'album avec des notes répétitives et envoûtantes de guitare s’égrenant lentement, les vocaux masculins/féminins qui se mélangent dans une sorte d'incantation solennelle, l'accordéon amenant son air désenchanté et une très belle montée en tension avec son fracas noisy. Et s'achève sur les douze minutes de The Aching Heart Of Picardy au début sépulcral où il n'y a plus par la suite qu'à fermer les yeux pour être transporter ailleurs, à une autre époque. Grandiose pour un groupe aussi rare que sa musique.

SKX (06/02/2018)