thank
cruelnature

Thank
Sexghost Hellscape – Tape
Cruel Nature records 2017

Leeds est une ville engendrant une pelletée de bons groupes avec Blacklisters en tête de gondole. Il semble qu'il va falloir ajouter Thank à la liste. Un nouveau groupe de la fourbe Angleterre avec cinq types qui œuvrent ou ont œuvré dans d'autres formations dont le trio Irk.
Sexghost Hellscape n'est qu'une modeste cassette cinq titres mais elle pose un décor que le groupe va minutieusement exploser. Thank n'est pas le groupe noise-rock lambda puisque les claviers et l'électronique ont une part prépondérante dans l'élaboration sonore de Thank. Mais le résultat est identique. Fragiliser les tympans, les soumettre à la pression, leur faire perdre les repères et répandre dans les veines des ondes propices à jouer les fortes têtes. Le matraquage semble la règle de base. Tout sauf un hasard si un morceau se nomme Punching Bag. Le batteur cogne. La bassiste cogne. Le ou les mecs aux claviers puisque le guitariste donne un coup de main cognent aussi. Et le chanteur aussi cogne, ya pas de raison. Il appuie chaque syllabe, est remonté contre la terre entière, son bagout est clair et sa détermination sans faille, portant les attaques de Thank à un niveau de nuisance qui redonne foi dans la nature humaine quand elle tend à s'égarer dans trop de bonté dégoulinante.
Pour autant, Thank n'est pas un groupe de grosses brutasses. Ce sont même de petits malins qui la jouent fine et perturbé. L'assise rythmique ne se départit pas d'un certain groove entraînant, feu follet qui n'est pas sans rappeler Arab On Radar comme sur Fragile Ego ou Thank The Universe et est souvent provoquée en duel par le chant qui aime s'énerver tout seul dans son coin. Les claviers s'intercalent, envoient des gimmicks d'alarme de bagnoles stressant tout le voisinage, singent des robots en mission intergalactique ou balancent un simple bruit continu et grésillant comme si le préposé s'était endormi sur les touches. Claviers/triturations qui ne sont pas qu'un simple liant ou élément perturbateur pour parasiter l'ensemble mais une véritable force centrale qui étend ses tentacules sur chaque titre sans qu'on y trouve rien à redire.
Répétitive, stridente, hargneuse, obtuse mais néanmoins avenante et joliment secouée, ce n'est pas le moindre des paradoxes de la musique de ces bougres d'Anglais qui font autant sauter les foules qu'ils ne les fauchent en plein vol. Et quand vient l'heure de la punition finale avec les huit minutes de Petrol Head, Thank embarque dans une sinistre balade vers l'échafaud, une lente agonie intense et calculée pour faire souffrir jusqu'au dernier souffle. Vous pouvez remercier Thank d'avoir vu le jour.

SKX (11/01/2018)