nosister



No Sister
The Second Floor – LP
self-released records 2017
s/t – LP
self-released records 2016

Réglons tout de suite le sort de l'ombre rôdant dans les parages du groupe australien No Sister, l'ombre de New-yorkais dont un titre d'album était Sister, les dénommés Sonic Youth. Oui, l'influence est prégnante, on ne peut la nier, le jeu des deux guitares s'en inspire, le parfum est dans l'air. Une fois le constat fait, il est pourtant tout à fait concevable de faire avec, s'en détacher et apprécier les deux premiers albums publiés pratiquement coup sur coup comme ceux qu'ils sont à la base, des putains de bons disques !

Deux albums qui font corps. A part un changement de personnel avec le départ de la bassiste Siahn Davis (encore présente sur deux titres de The Second Floor) remplacée par Josh Watson, No Sister engrange en tout seize compositions taillées dans un bois identique, un bois fin, dissonant, perçant et particulièrement stimulant. The Second Floor se révèle peut-être un poil plus condensé et mesuré alors que le premier album part dans des éclats bruitistes plus régulièrement, est plus agressif mais je ne mettrais pas ma main à couper. Les deux disques sont indissociables.
No Sister sait comment être bruyant et attrayant, écrire des morceaux qui font frissonner l'épiderme et vont s'ancrer durablement dans la mémoire sensorielle à l'instar de Always Already, Romantic Notion ou Portrait In A Rearview Mirror qui n'est pas sans rappeler les Anglais de Drahla quand No Sister se fait plus tempéré, mélodique et que la guitariste Tiarney Miekus passe au chant. Mais elle sait généralement montrer les crocs, se faire intense et avec l'autre guitariste Mino Peric, les chants sont un des points forts de No Sister, à tour de rôle, quasi parlé pour Peric et prenants toujours.
No Sister, c'est aussi une approche post-punk du bruit. Section rythmique n'hésitant pas à prendre de la place à l'avant, frappes sèches, droites, lignes de basse arrondies, No Sister met les formes, pondère les ardeurs des guitares ou au contraire les pulse et permet dans tous les cas de s'éloigner d'une zone musicale identifiable trop facilement. No Sister sait aussi se faire violence et accoucher de titres fortement percutants et incisifs comme No News From Home et Overpass, partir dans des ossatures plus complexes et déstructurées (Vow Of Chatisty, Passing The Divide, long final du premier album), des épisodes subtilement bruitistes et envoûtants, des morceaux qui griffent, provoquent et séduisent en même temps avec deux guitares qui font monter l'adrénaline, tissant des montagnes d'échardes venimeuses auxquelles il est bon de s'accrocher. Les racines du groupe sont connues mais No Sister a tout pour se faire un grand nom.

SKX (26/01/2018)





s/t LP 2016 :