février

Février rigoureux effraie les plus frileux. N'ayez pas peur, approchez-vous, ce Février là réchauffe toutes les carcasses. Un Février dénudé, dans sa plus simple expression. Un chant féminin, une guitare masculine. Depuis, un batteur debout est venu se greffer avec une batterie minimale (Matt Cotton qui joue aussi avec You'll Brynner et Formica). Mais à l'époque de l'enregistrement qui commence à dater (avec Christophe Chavanon au studio Kerwax) et qui semblait de jamais vouloir voir le jour, Février était deux. Emilie et Don Lurie.
A l'instar de la superbe photo de Renan Péron illustrant la pochette, ces deux là créent un contraste. Entre la lumière et le sombre, l'éclat du jour qui tente une percée à travers le noir, la rugosité de la pierre et la fragilité de l'herbe, aussi sauvage soit-elle, la décrépitude et la vie qui toujours reprend, le sentiment d'abandon et une fenêtre sur un horizon plus optimiste. Cela donne des mélodies sans fard, âpres, souvent poignantes, toujours prenantes. Un minimum d'accords pour un maximum d'effets secondaires tournant en boucle dans la tête (Rosa Celeste). Le chant est à fleur de peau et fort en même temps, des faux-airs de PJ Harvey capable de partir dans de belles envolées comme sur Les Interdits, soutenu par le mellotron de l'invité Enchanted Wood. Une touche de piano sur Everything But Jesus, des accords répétitifs, abrupts, nerveux. Des constructions qui vont crescendo et deviennent entêtantes. Quelque chose de épuré et sophistiqué à la fois. De puissant et profond avec trois fois rien. Seulement quatre titres mais Février a toujours été plus court que les autres. Espérons que les mois à venir délivrent de nouvelles belles et longues effluves de ce groupe rennais à suivre de près.

SKX (21/02/2018)