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 | ExekAhead Of Two Thoughts  LP
 W.25TH/Superior Viaduct records 2018
 
 Le nom de l'album peut prêter à confusion. Surtout quand 
        on lit la description du label qui dit que ce disque pourrait être 
        un classique oublié de la grande époque de 4AD et que la 
        reverb sur la batterie rendrait fier Martin Hannett. Pas certain que ces 
        commentaires soient une bonne idée et du goût également 
        du groupe. Pourtant, on ne peut donner tout à fait tord au label. 
        Exek ne donne pas vraiment l'impression d'être en avance sur son 
        temps. A l'instar du premier album Biased 
        Advice, le post-punk reste l'étiquette la plus parlante 
        pour Ahead Of Two Thoughts. Et des groupes comme Pil, ESG, This Heat, 
        Swell Maps ou This Kind Of Punishment (on pourrait en citer d'autres mais 
        ça deviendrait ridicule) restent d'actualité dans la matrice 
        du groupe de Melbourne (même si la tête pensante Albert Wolski 
        est originaire de Sydney, deux autres sont de Brisbane et le dernier est 
        Néo-zélandais).
 
 Malgré ça, Ahead Of Two Thoughts ne sonne pas comme 
        un disque (de) vieux. Allez comprendre. Une relecture sous un angle austral, 
        un enrichissement de sonorités (vous n'arriverez jamais à 
        tout reconnaitre), d'ambiances et d'approches différentes. Vous 
        retrouvez la basse aux résonances très dub, une rythmique 
        sèche, contours funk de blanc pour danse étriquée 
        mais réelle, des éléments du passé se confrontant 
        à des grouillements de synthés ou de bruits issus d'ustensiles 
        détournés de leur vie quotidienne comme des éléments 
        de cuisine, des jouets d'enfants mais aussi des bébés qui 
        pleurent, une sonnette de porte, une flûte magique, un glockenspiel, 
        un stylophone, un melodica ou encore du field recordings. Tradition et 
        expérimentation, les deux mamelles de Exek. Vous avez une ossature 
        connue mais ce qui s'y passe à l'intérieur vous fait oublier 
        les influences. Ou plus exactement, vous les acceptez sans problème.
 
 Surtout, Exek possède une qualité d'écriture leur 
        permettant de passer outre ces basses considérations, de continuer 
        à faire vibrer l'épiderme comme si le passé était 
        définitivement trop lointain et asseoir sa légitimité 
        avec huit morceaux hypnotisants et créatifs. Contrairement à 
        Biased Advice qui était plus une compilation de leurs premiers 
        travaux, Ahead Of Two Thoughts est un disque parfaitement pensé 
        et construit. Exek vous emmène sans forcer dans le dédale 
        de leur imagination brumeuse, un entre-deux rempli de delay, de reverb, 
        d'écho, d'overdubs et d'overdubs over dubs. La chaleur est 
        trouble, la vision déformée. La rythmique se fait robotique, 
        la guitare discrète sauf sur Fluent In English où 
        elle prend la lumière, le saxophone (qui ressemble à une 
        trompette sur Actress Practice) écoule son spleen, se fait 
        languissant, l'ambiance plane pendant que Wolski égrène 
        de sa voix sous effets des mots qui n'ont rien de poétiques. I'm 
        sick / Of every bit / Of your shit / Cos you suck / You little fuck 
        pour ouvrir l'album sur U Mop, ça a le mérite d'être 
        clair. Et Exek, c'est aussi ça. Du tranchant, des changements soudains 
        de direction au sein d'un même morceau (Punishment ou Elevator 
        Etiquette, les deux plus longs titres de l'album), une colère 
        sous-jacente qui devient parfois très palpable, des rythmiques 
        entraînantes et frappantes et des sonorités anxiogènes. 
        Avec au passage, la reprise Prawn Watching, musique du film Zoo 
        de Peter Greenaway en 1985 et composée par Michael Nyman. Ou comment 
        rajouter d'autres influences à une musique qui peut également 
        se montrer très cinématographique.
 
 Plonger dans l'univers sonore de Exek. Il fait oublier les repères, 
        son histoire et s'écoute comme un très bon disque de son 
        époque.
 
 SKX (26/03/2018)
 
 
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