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Dalès
Akènes – LP
Aïnu, Zombie Girl Boogie, Flulgrgluplruql records 2018

On sent bien quand on touche le grain très agréable de la pochette et qu'on observe attentivement le dessin de Anatole Donarier et l'aquarelle de Charlotte Orsini que ce disque va être spécial. Comme décalé dans le temps, décalé dans l'espace, là où on prend le soin de vivre à son rythme, de faire les choses à sa façon, en dehors des diktats qui vous pressent comme un citron.
Dalès est un duo gravitant autour de Nantes et Akènes est leur premier album. Vu le vendredi 1er juin à Rennes au Bar'Hic avec One Lick Less avec qui il partage une certaine esthétique musicale, le duo composé de Enguerran Wimez à la guitare et Joris Pesquer à la batterie avait conquis haut la main le (maigre) public présent ce soir là. Par surprise, en toute simplicité.
Un duo qui, par son aisance technique, rappelle un autre ancien duo, les Bordelais de Cheval De Frise, au service d'arabesques nerveuses, un parfum de classicisme se dégageant des cordes acoustiques et une aura mélancolique dans des compositions suggérant avant tout la méditation et l'errance plutôt que la démonstration et les prises de tête. C'est encore plus flagrant sur disque qu'en concert.
Akènes dessine des courbes douces, laisse place à la rêverie, effleure, insinue avec juste ce qu'il faut de tension, d'excitation à fleur de peau. La sensibilité est grande, le touché incomparable. Pour avoir découvert ce disque après le concert, c'était un brin surprenant au début. Parce qu'en concert, les morceaux éclatent, se libèrent, sont moins dans la retenue. Et voir le batteur en pleine action est particulièrement jouissif. Lui qui avouait avant le concert qu'il jouait auparavant uniquement dans des groupes de punks, tchak-poum tchak-poum, avait dû complètement revoir sa façon d'aborder la batterie pour Dalès. Je peux vous certifier qu'il a sacrément bien travaillé et évolué. Un jeu tout en nuances, créatif, virevoltant, glissant au-dessus de son instrument dans des trépidations et des volutes tout en maîtrise. Une sorte de transe qui se dégageait d'un concert où le temps s'arrête.
Mais il est aussi fort agréable de se laisser porter par le disque. Se laisser immerger dans les boucles mélodiques, les arpèges racés (comme sur le très classe Niroo Sta Li), se laisser surprendre par les cassures, les changements de tonalité, flotter sur des silences qui prennent vie, en apesanteur, sentir toute la fragilité qui vous entoure avant qu'une décharge vous ramène parmi les mortels, qu'une montée d'adrénaline savamment orchestrée comme sur Duende ou Feltamàd a Sjel vous hypnotise à l'instar d'un papillon par les phares d'une bagnole.
Dans le monde des duos instrumentaux, Dalès a écrit un disque précieux, c'est à dire à part, bien à eux, à leur sauce. Prenez le temps de l'écouter, de l'apprécier. Et surtout, aller les voir en concert.

SKX (07/07/2018)