borzoi
12xu


Borzoi
A Prayer For War – LP
12XU records 2018

A Prayer For War. La guerre en technicolor. À toutes les époques et tous les styles. Déflagrations de tout ordre. Plein les yeux et les narines. Pochette d'hippie ou de punks à chien. La drogue et les bombes. Warning tear smoke. Ce visuel dit tout et son contraire. La musique de Borzoi n'est pas loin de faire pareil. Un trio d'Austin qui signe un premier album avenant et étrange, éclatant et sombre, absurde et cinglant.
Une fixation sur les guerres. Des titres et des paroles qui évoquent l'horreur de la nature humaine, la violence, l'irrationnel. Lizard Men Of The Third Reich, Sunday At Hirohito's, Kill The Irish, Warheads. La cervelle du guitariste/chanteur Zach Wood semble très agitée, pleine de merde qu'il faut évacuer.
La musique suit ces circonvolutions. Multiplie les cadences, les ambiances, les coups de grisou. Les détonations à fragmentation précèdent les lendemains de bombardements, plane une bizarre atmosphère, la poussière retombe lentement sur les corps meurtris. Borzoi, adepte de la blitzkrieg, enchaîne les titres sans reprendre son souffle. Muscle le propos dans une approche noise-rock, les dissonances à tous les coins de rue, devient frénétique, limite bordélique puis prend la tangente. S'amuse à twister sur le bien nommé The Tonsure Twist. Mais gare au lumbago, leur sens du twist reste particulier. Le morceau d'après, Big Pink, c'est ralentissement général. La gravité, les stop-and-go, les arpèges élégants, un brusque dérapage, tension sur un fil, le bruit qui n'en peut plus et s'échappe. Cinq minutes où le temps s'arrête. Beau et flippant. Lizard Men Of The Third Reich évoque Creeps On Candy. Ivresse. Schlock remet une couche pour activer vos rotules et vous faire danser comme un demeuré. Sunday At Hirohito's conclut l'album par une bleuette inoffensive pour mieux vous remettre de vos émotions.
Rock, noise, post-punk, garage, Borzoi mélange tout ça dans une marmite en feu, insuffle un énorme courant de vie là-dedans, écrit des morceaux variés et inspirés, on ne sait jamais ce qui nous attend mais c'est totalement cohérent. Onze compos qui marquent les esprits et sur lesquelles il est extrêmement jouissif de se faire exploser la tronche.

SKX (27/11/2018)