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Bind Torture Kill
Viscères - LP
Wooaaargh/Troffea/Hell-J records 2018

Le retour des poètes de Bind Torture Kill. Le trio qui gravite autour de Lyon nous avait implacablement Condamné. Ils reviennent nous mettre les viscères à l'air. Ils sont taquins. Aveuglé par un amour sans faille et des tympans faisandés, je n'avais même pas remarqué que le bassiste était un emploi fictif chez le trio. Seulement un guitariste, un batteur et un hurleur. Metal de la nouvelle zone. Rien de neuf mais toujours plus profond dans les entrailles, plus violent dans les gencives. Avec ce vernis hardcore et noise qui fait reluire les fondations et briller les obstinés.
Ces gars ne sont pas des grosses pompes et pourtant ils mettent une pression de dingue. Merveille de la nature. C'est ça que j'adore chez eux. Cette propension à vous foutre la tête dans le sac et ne rien lâcher malgré toutes vos gesticulations et vos demandes de mansuétude. Une intensité de malade comme si c'était le dernier jour à vivre. Une bonne grosse boule d'urgence qui ramone dans tous les coins, dégueulasse tout sur son passage et ne laisse que les miettes pour les zombies. Le trio ne s'embarrasse pas de savoir si ça déjà été fait ou non, il fonce dans le tas avec un enthousiasme débordant. Enchaînement de riffs saignants, gras, tranchants à faire vomir un végétarien. Rythmique nucléaire qui atomise le moindre espace, blast beats qui retournent l'enfer. Et un chanteur qui a étoffé son registre d’équarrisseur en mal de romanesque sauvage. En gros, il y met les formes et les variantes mais ça reste du domaine de la tornade velue.
En fait, c'est tout le groupe qui a pris du coffre. Des compos qui donnent du gros grain à moudre. De l'épaisseur pour tenir chaud tout l'hiver. Des contours mieux dégrossis et la déco intérieur plus travaillé. De la folie brute qui rend bête et furieux. Pestilence qui laisse sur les rotules au bout de sept minutes intransigeantes finissant en craquage. L'art d’accélérer alors que tu es déjà à fond. Placer un break comme une descente d'organes alors que l'orgie était à son comble. Non, franchement, ya rien de nouveau mais bordel, qu'est ce que ça fait du bien. Viscères, c'est une bouffée d'air frais au rayon boucherie, une triperie où tout se consomme sans faire la fine bouche, c'est l'appel du grand large par vents contraires, c'est un tour dans le grand huit, un manège de l'extrême pour se vider la tête sans devoir réfléchir, des fossoyeurs qui rendent la vie plus claire et vaste, un effet cathartique garanti. Et puis un groupe qui appelle un de ses morceaux Perte Et Fracas ne peut être qu'un groupe de bon goût.

SKX (19/01/2018)