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Alabaster
Time To Get A Job – LP
Antena Krzyku/Bigoût/Rejuvenation records 2017

Il n'est pas seulement temps de trouver un boulot, il est surtout temps de chroniquer ce disque publié en octobre dernier. Un titre d'album comme une sale phrase récurrente que les membres d'Alabaster entendent trop souvent. Non mais de quoi je me mêle ?! Si ces gars ont envie de s'enfermer dans un local de répèt ou un van pour jouer devant dix personnes alors qu'ils ont l'âge d'être guichetier de banque ou surveillant de prison, on va pas leur en vouloir non ?
Alabaster, groupe de Lyon, a sorti son premier album après un 10'' prometteur en 2013. Ça serait franchement dommage de s'en passer. Time To Get A Job piétine allègrement les plates-bandes du hardcore-noise comme des bisons obstinés. Un territoire qui en a vu passer des troupeaux. Mais il reste toujours un petit coin d'herbe à brouter. Alabaster le fait en mode rouleau-compresseur. Le changement de chanteur (Thomas Dantil à la place de Xavier Theret) ne modifie pas la donne. Alabaster souffle dans les bronches, mouline d'énormes riffs, fracasse les lignes rythmiques, tord les barres de fer en étant encore plus inspiré et percutant. L'herbe ne repousse pas derrière Alabaster. Imaginez un mélange de Deadguy et d'Unsane et savourez votre pitance.
Alabaster met les doigts dans un engrenage – infernal il va de soi – et ne lâche plus l'affaire, fait tournoyer les riffs dans le ciel rouge, abat ses cartes rythmiques et sa basse marteau comme un piston dément, ajoute des couches continuelles de pression et ne laisse que les viscères pour les charognards. Le chanteur raconte ses drôles de paroles ressemblant plus à des dialogues obscurs et décalés jusqu'à dépasser l'entendement, comme pris d' hallucinations. Et les compositions suivent le même tracé de folie sans échappatoire possible. Oui, Alabaster est monté d'un bon cran dans l'intensité, furieuse et inarrêtable, jusqu'à ébranler les fondations lors du final de sept minutes Our Dying Empires, Our Lives avec des choeurs féminins n'apaisant en rien les nerfs. Sensation d'un noise-hardcore sans concession, parti à l'abordage en sachant pertinemment qu'il n'est plus possible de revenir en arrière. C'est du compact, de l'absolu, de l'aliénant, bref, du putain de bon job méritant un contrat indéterminé avec salaire royal à la clef.

SKX (27/02/2018)