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Zëro
Superbad/There Was A Time – 7''
self-released 2016

Je ne peux malheureusement que partager l’avis plutôt mitigé du patron au sujet de San Francisco, l’album que Zëro a publié au début de l’année 2016 : ce disque est même celui que j’aime et que j’écoute le moins de la part du groupe lyonnais, un peu trop de baisses de régime et trop de trous d’air à mon goût… mais je ne vais pas te refaire ici et maintenant la chronique de San Francisco et plutôt te parler d’un fort beau single paru lui fin 2016 et en autoproduction (en tous les cas aucun label n’est dûment mentionné sur la pochette).

On connaissait l’amour de Zëro pour Devo, Primitive Calculators, The Fall – voir les quelques CDr publiés ces dernières années et sur lesquels on trouve des reprises de tous ces groupes – mais on était bien loin d’imaginer que le trio puisse un jour s’attaquer à James Brown. Oui, tu as très bien lu : James Brown. Comme tous les crétins fiers de l’être je ne connais qu’une poignée de titres de celui que les critiques d’art contemporain appellent communément The Godfather of Soul, des tubes XXL que l’on nous ressasse à longueur de playlists lénifiantes pour petits blancs sans curiosité, coincés quelque part entre Otis Redding et Aretha Franklin. Et autant le dire tout de suite, j’ai d’abord poussé la bêtise jusqu’à ne pas chercher à écouter les versions originales de Superbad et de There Was A Time, les deux titres repris ici par Zëro… l’obscurantisme à son top. Ce qui ne m’empêche pas d’adorer ce single décapant et pas anecdotique pour deux sous.

C’est bien simple, on peut avoir du mal à reconnaitre Zëro sous tous ces déluges incantatoires et limite crados, sauvages et bruts, racés et bruyants, speed et groovy. J’exagère à peine. Voire même pas du tout. Mais cela va tellement bien au groupe et surtout c’est tellement bon d’être surpris par des gens dont on écoute la musique depuis peut-être beaucoup trop longtemps. Ça te rabaisse le caquet, ça te remet à ta place, ça te fait rêver et ça te donne – finalement – l’envie d’aller écouter autre chose que tes petites passions quotidiennes et ordinaires. Ce single TUE, un point c’est tout. Let’s there be funk.

Hazam (21/03/2017)