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Whitehouse
Dedicated To Peter Kurten, Sadist And Mass Slayer – LP
Dirter Promotions 2017

La campagne de réédition de la quasi-intégralité des albums de Whitehouse au format LP lancée par William Bennett en 2007 avait fort bien débuté puisque pas moins d’une quasi-dizaine de ces dernières avait envahi les bacs en deux ans, tout de même. Un véritable tour de force inespéré au vu du prix plus que prohibitif des premiers vinyls originaux, sans compter ceux de la période Peter Sotos qui n’avaient bénéficié que d’un traitement CD. Malheureusement, restriction budgétaire et/ou manque de temps en raison de ses activités avec son nouveau projet Cut Hands et/ou autre chose à faire, le robinet de cette déferlante a été brusquement coupé. Après plusieurs années de silence, autant se faire une raison comme on dit, aussi il m’a semblé souhaitable pour ma santé mentale de tracer définitivement une croix sur l’espoir de pouvoir frimer un jour avec de jolies pochettes grand format de Mummy And Daddy ou Twice Is Not Enough lors de soirées vaguement mondaines.

Grand bien m’en a pris finalement, car l’effet de surprise n’en a été que plus délectable, lorsque Susan Lawly (label créé par le groupe après la mise à mort de Come Org) a annoncé la ressortie de Dedicated To Peter Kurten, Sadist And Mass Slayer chez Dirter Promotions pour le printemps 2017. C’est que ce n’est pas n’importe quel album ça, ma bonne dame ! Un des plus iconiques de ces pionniers du Power Electronics (prolongement extrême des premiers groupes industiels) sorti en 1981 pour être plus exact, notamment en raison de son titre et de son iconographie de super mauvais goût (checkez Peter Kurten sur Google si vous ne savez pas de qui il s’agit, just for fun), mais également parce qu’il augure une approche nouvelle dans la manière d’imposer l’anti-musique durant cette ère post-Throbbing Gristle ; car c’est bien de ça dont il s’agit, et d’une qualité qui frôle l’indicible. Moins insupportablement minimaliste et strident que son prédécesseur (Erector), Peter (on a qu’à le surnommer comme ça) n’en demeure pas moins aussi insalubre et traumatisant, voire pire. Un snuff movie sonore dont le lieu d’action serait un sous-sol glauque peuplé de fréquences douloureuses qui vrillent nerfs et tympans sans une once de pitié (Prosexist, Her Entry, Cna) et ou de simples bruits d’écoulement d’eau (Pissfun, On Top, Dom) parviennent à provoquer une angoisse aussi intense que paradoxalement jouissive, tandis que la voix de William Bennett devenue inhumaine sous le poids des effets électroniques, hurle des histoires au-delà du simplement sordide. Il y a aussi ces lancinantes et douloureuses parties de cache-cache dans le noir où l’on espère ne trouver rien ni (surtout) personne (Rapeday, The Second Coming). Les pistes sont ici relativement brèves (2/3minutes contre 6/7 sur le précédent), et chacune d’entre elles rappelle à notre bon souvenir pourquoi Whitehouse est LE groupe pionnier et incontournable du Power Electronics. Torture auditive totale.

Vincent/LNO (06/10/2017)