uniform
sacredbones




Uniform
Wake In Fright – LP
Sacred Bones 2017


Uniform a l'habitude de nous faire tenir à carreau. Avec Wake In Fright, le duo new-yorkais franchit un nouveau palier dans l'agression. C'est que l'heure est grave. Un réveil dans la terreur, comme un lendemain d'élection. Attention, notre tour viendra très bientôt. Une monstrueuse gueule de bois dont le vomi se répand sur les deux faces d'un blanc immaculé. Dernier territoire vierge pour s'exprimer librement. Avant contamination irréversible. I'm not going anywhere because i've got nowhere to go. Ambiance.

Uniform a la tête des mauvais jours, est prêt à napalmer tout Central Park. Ben Greenberg et Michael Berdan nous avaient laissé au bord du KO avec un précédent maxi en forme de purge pour la vermine. Cette fois-ci, c'est double dose, un cran au-dessus dans l'oppression. Oubliez toutes les étiquettes à la con qu'on a pu leur donner comme musique industrielle (une bête boite à rythmes ne suffit pas pour rentrer dans cette case), metal, techno trash, noise ou que sais-je encore d'extrême, laissez tomber les références à Ministry ou Big Black (une bête boite à rythmes ne suffit encore une fois pas pour rentrer dans cette case), Uniform est punk. Et nihiliste. Qui rime avec minimaliste malgré tout le raffut que le duo fait. Greenberg et Berdan poursuivent les travaux engagés avec leurs groupes précédents (Drunkdriver ou Pygmy Shrews pour ne citer que ces exemples), radicalisent leurs racines punk/hardcore et crachent de manière brutale et sans superflu un jus noire ne laissant pas de place à la gaudriole. C'est tête baissée que Uniform fonce dans le tas.

La boite à rythmes se gonfle, le duo privilégie les beats hardcore à fond la caisse, les riffs basiques qui bavent, le solo qui dérape grave et le chant expulsé d'une bétonnière à l'agonie. C'est cours ou crève. Excepté The Lost qui tente de diffuser une mélodie sur un rythme vaguement dansable (et renvoyant à Indifférence de Perfect World) pour un résultat pas très convaincant, Wake In Fright est une attaque sauvage et autoritaire. Tabloid, et encore plus en face B, The Killing Of America méchamment efficace et l'atomique Bootlicker, c'est la guerre, pur déversement de bile acariâtre et le saut dans le vide comme seule porte de sortie. Avec Night Of Fear, Uniform retrouve un rythme plus lancinant, une cadence moins infernale mais une atmosphère encore plus sombre, poisseuse. Quant aux deux titres terminant chaque face, The Light At The End (Cause) et The Light At The End (Effect), Uniform éclate les structures, les rythmes, les oreilles, éclate tout, les larsens obligent à baisser le volume et les samples (dont celui tiré du film The Reflecting Skin (L'Enfant miroir) de Philip Ridley participent largement à ce sentiment d'aliénation enveloppant chaque seconde de Wake In Fright.
Uniform ne cherche pas à faire beau et élaboré. La production de Greenberg est toujours pleine d'aspérités et de saillies impures. Le propos est volontairement primaire, cru, méchant, furieux. Le duo sent qu'on va pas se marrer pendant quelques temps alors autant se préparer, Uniform fournit la bande-son.

SKX (07/03/2017)