teenanger
telephoneexplosion


Teenanger
Teenager – LP
Telephone Explosion records 2017

Les Teenanger sont plus âgés. Après avoir enchaîné quatre albums en cinq ans, Teenanger a eu besoin de souffler. Fondamentalement, les quatre Canadiens ont le teint toujours aussi jeune. Rien n'a vraiment changé depuis EPLP. Une machine à écrire des morceaux catchy, des punk songs qui fondent dans la bouche, donnant envie de se trémousser sans honte.
A regarder de plus près, les traits se sont pourtant creusés, la chair se transforme, les peaux se détendent. Les contours de leurs punk songs sont plus doux, la tension se relâche et l'apanage de l'âge fait que Teenanger n'a plus grand chose à foutre de ce qu'on peut penser de leur musique, se permettant ainsi plus de fantaisies. Comme des morceaux uniquement synthétiques avec boite à rythme à l'appui (le titre d'ouverture Two Middle Fingers et The Night Shift). Retour vers le futur, les années 80, les Teenagers n'ont pas oublié le passé.
Le groupe de Toronto s'autorise également d'arrondir les rythmiques, plus dansantes que jamais. La basse de It Works With My Body marche effectivement très bien sur le corps qui ne peut résister à ces ondulations. Les gimmicks plus nombreux tentent d'embellir ce que le naturel ne peux plus promettre. Et c'est efficace. Teenanger s'enhardit sur des sonorités louches et des rythmiques d'une autre époque (Emoji Kush). Teenager tout pareil de loin mais loin d'être tout pareil de près. La surprise de voir un ami pas vu depuis longtemps mais on s'y fait à ce nouvel aspect, ces menus changements qui font que Teenanger est toujours Teenanger mais qu'il évolue avec ces défauts qu'on accepte. Comme de vouloir ressembler à des groupes post-punk à la fin des années 70, début 80. Comme si Buzzcocks et The B-52's s'étaient donner rendez-vous dans le froid de l'Ontario. Comme si tout était un éternel recommencement et qu'avec du talent et des mélodies irrésistibles, la jeunesse retrouvait un second souffle.
Teenanger possède l’élixir depuis le début et ce cinquième album est encore une fois une mine tubuesque, des morceaux minimalistes qui en disent beaucoup avec très peu, basiques, entêtants, cette guitare très habile, ce brin de morgue qui subsiste (l'intonation narquoise sur Money quand le chanteur répète inlassablement le titre Weird Money), l'ironie mordante, le détachement cold et ce beat imparable. L'enveloppe évolue, évoque des souvenirs marqués mais le cœur est toujours aussi fondant à quelques détails près. Teenanger, jeune pour toujours.

SKX (16/11/2017)