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Sweet Williams
Please Let Me Sleep On Your Tonight – LP
Gringo/Faux Discx 2016

Des têtes connues à défaut de têtes couronnées chez les Anglais de Sweet Williams. A commencer par celle de Thomas House, ex-guitariste et chanteur de Charlottefield. Un groupe qui avait provoqué son petit effet, surtout avec leur premier album How Long Are You Staying en 2005. D'ailleurs, Sweet Williams est avant tout le projet de House qui avait sorti en 2011 Bliss, un premier album en solo tout seul lui-même comme un grand. Depuis, il s'est entouré d'un vrai groupe avec la guitariste Sarah Dobson (ex-Ox Scapula), le bassiste Andy Thomas (Twenty-One Crows) et le batteur Tom Barnes (I'm Being Good et Sloath dans lequel joue aussi House). Et avec Tim Cedar (Part Chimp, Penthouse) aux manettes, ça fait du beau monde pour mettre Please Let Me Sleep On Your Tonight sur un orbite autrement plus conquérant que Bliss.

Il est donc assez tentant de comparer Sweet Williams avec Charlottefield, de voir cet album comme un prolongement logique de What Friends Are For et encore plus le tout dernier Make It Easy On Yourself. Sweet Williams se classe tout pareil dans une catégorie incertaine, un peu rock, un peu noise, un peu mon cul entre plein de chaises. Mais avec Sweet Williams, le rythme s'est largement ralenti, les compositions se sont simplifiées, de l'espace s'est crée entre chaque instrument. Sweet Williams navigue ainsi dans les parages de Slint et Codeine avec de l'épaisseur dans le son, du gros grain dans les cordes qui ne demande qu'à vibrer et de la puissance prête à exploser. Mais ça n'explose pas. Les morceaux ne demandent qu'à partir mais ça ne part pas. Mesures répétitives, tension sous-jacente, chant parlé, Sweet Williams teste les points de résistance en appuyant différemment ses coups. Plus fort avec Ex-Circus ou Ghost Waves qui renvoient à l'architecture percutante et fragile des Espagnols de Picore avec qui Thomas House a déjà évolué mais aussi June Of 44 ou Shipping News. Moins avec des morceaux plus calmes que tendus, teintés d'une sourde mélancolie et de mélodies amères. Ça donne les magnifiques six minutes et de belles poussières de Come Swimming nageant dans des eaux troubles, douloureuses et envoûtantes avec des accords longs de guitares racontant un blues moderne et ralenti, un chant traînant et toute la peine du monde qui donne envie de plonger en compagnie du groupe de Brighton.
Please Let Me Sleep On Your Tonight ne manque pourtant pas de chaleur. Dans les sonorités des guitares, la production rêche mais enveloppante, le rendu très vivant d'instruments en mode narratif, la voix prenante qui se retient parfois de hurler en retrait, les rythmiques qui sonnent au groove insidieux, jusqu'à ces discrètes cordes acoustiques au milieu d'un fatras électrique sur le dernier morceau, celui qui n'a pas de titre. L'équilibre est fragile et Sweet Williams gère parfaitement le dosage pour accoucher d'un album référencé mais très touchant.

SKX (08/02/2016)