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Stolen Kidneys
Ruin – LP
Self-released 2017
Stolen Kidneys/Arson Under The Sea
Split LP
Self-released 2015


Stolen Kidneys vient de Oulu, une ville perdue en plein milieu de la Finlande. Tu la sens la vague de froid descendant de cette imposante et mystérieuse montagne, l'austérité de la vie et le vent glacial sur ta nuque. A l'instar de la pochette, la musique du trio Stolen Kidneys n'invite pas l'insouciance à la table des réjouissances. C'est une force tellurique, un roc imprenable laissant un goût de fer dans la bouche.
Stolen Kidneys pratique un noise-rock-hardcore aussi torturé que frontal, s'inspirant d'une lignée implacable qui a pour descendance Deadguy, Dazzling Killmen, Kiss It Goodbye, Breach ou Playing Enemy. Que du lourd. Sept titres apportant leur pierre à l'édifice. Parce qu'on a beau connaître les sources d'approvisionnement, Stolen Kidneys ne se laisse pas impressionner pour autant. Le feu sacré coule dans leurs veines. Impossible de les prendre à défaut sur les fondamentaux. Surplus de ténèbres, de rugosité, de sauvagerie et de souffle épique. De cette tension qui s'accumule, répétitive, malsaine, aliénante. Avec des éclats de beauté à l'intérieur pour faire briller le noir impénétrable. De ces quelques passages ambiants ou doucement bruitistes au début de Trail The Bliss et toute la fin de Breathe The Moment, soient les deux compositions les plus longues et contrastées qui tour à tour mettent à genoux ou retiennent la respiration. Les rouages sont huilés à la limaille d'acier, le chant est puissamment âpre et déchirant, la rythmique est d'assaut et les parpaings se dégustent en pleine tronche. Mais ce sont dans les fissures que vient le salut. La montagne possède de multiples crevasses, des riffs rougeoyants et pénétrants sur lesquels il est bon de se brûler, des failles laissant entrevoir le sang bouillonnant derrière la machinerie infernale. Stolen Kidneys sait comment mettre la pression et l'entretenir, comment tout saccager sans que ce soit le chaos. Ruin n'est pas qu'un champ de désolation, c'est un furieux et lumineux coup de tonnerre dont l'écho ancien ne cesse de se répercuter inlassablement sur nos contrées toujours avides de bouffées d'air frais dévastatrices qui ont su se régénérer.



Deux ans plus tôt, le trio finlandais avait publié trois morceaux sur un split avec leurs compatriotes de Arson Under The Sea qui viennent du même patelin qu'eux. Trois morceaux accidentés, heurtés, prenant le temps de se développer, alternance de lourdeur écrasante et de complexité sans l'embrouille, de monstrueux riffs et d'éclairs altiers, patiemment faire monter la pression et ne plus lâcher sa proie comme sur l'impressionnant Crooked Tongues ou ce très beau passage en apesanteur sur Like Predators. Stolen Kidneys était déjà particulièrement affûté et Ruin ne fait que confirmer tout le potentiel du trio qui aurait aussi du Neurosis dans les gênes. Puissant.
Arson Under The Sea ne va pas relever le niveau des festivités. Il est aussi question de lourdeur monolithique dans un rayon plus sludge-harcore-metal-doom qui enfonce plus bas que terre. Rien à redire là-dessus, le quota de boue, de riffs poisseux, de tremblements, de basse marteau et de hurlements du fin fond de la caverne est atteint haut la main. C'est aussi plus typé et convenu. Le son a beau être salement écrasant, drôlement impressionnant et massif avec tout ce qui se met à vibrer dès que les cordes sont effleurées, dès que la peau de la grosse caisse est aplatie, les compos ne transportent pas dans un état second. Mais c'est quand même solide, l'énergie et la puissance de feu n'incitant pas à faire le malin et agissant comme un redoutable analgésique. Un style de musique qui me concerne moins mais ça calme bien.

SKX (27/12/2017)