screenwives

Screen Wives
Husbandry - LP
Self-released 2016

Screen Wives n'a pas eu le temps de grandement évolué depuis leur premier disque sinon pour la durée. Ce nouvel enregistrement est deux fois plus long, soit un peu plus de vingt minutes qui en font, techniquement parlant, leur premier véritable album. Et de Women In Love, le trio anglais est passé à Husbandry, soit, techniquement traduit, Élevage (d'animaux). Ne voyons aucune relation entre ces deux titres.
Par contre, musicalement, Screen Wives vogue sur une dynamique identique. Math-rock frivole, emo angulaire et noise-rock pour poids légers, Screen Wives a une façon bien à lui de faire du bruit. Contrairement à pas mal de leurs camarades qui font les beaux jours de la scène noise-rock anglaise et qui sont d'ailleurs remerciés au dos de la pochette (Silent Front, USA Nails, Death Pedals, Nitkowski), le trio londonien est moins frontal et sauvage, misant plus sur l'agilité et une tentative d'étourdissement par des rafales de rythmes, une caisse claire fortement malmenée et des structures sans cesse convulsives. Et il faut bien le dire, un sens de la composition ne marquant pas autant les esprits que les copains. Ça trépigne, ça convulse, les deux guitares (pas de basse chez Screen Wives) sortent de beaux éclairs, tricotent avec ferveur, le batteur donne tout ce qu'il a dans le ventre mais il manque définitivement quelque chose pour que Husbandry décolle vraiment.
Ça n'empêche pas le trio de délivrer de beaux spécimens qui font mouche comme Stained In Love Divine, Trashboat Deluxe avec une invitée au chant (Alessia Lee), Divorchestra, Grandeur pour conclure le disque et autres menus passages qui font relever le sourcil. Sans faire gaffe, cet album pourrait être facilement valider au contrôle qualité. Dans le détail, Husbandry tend vers trop de linéarité pour sortir de l'ornière ordinaire. Les onze morceaux font intensément bloc, offrent de multiples fractures mais curieusement ne forment pas de relief, passent très bien mais sans le génie particulier ou une folie prégnante qui donneraient envie d'y revenir plus que de raison. Finalement, la courte durée leur va beaucoup mieux. Mais ne nous méprenons pas, ce disque a quand même de la gueule.

SKX (18/01/2017)

(Cet album va aussi paraître en vinyle sur SuperFi records courant janvier 2017)