owun
reafforests
atypeek


Owun
2.5 - CD
Reafforests/Atypeek 2017

Owun est un groupe qui se fait rare. 2.5 est le quatrième album seulement depuis 1998, après une longue pause de dix ans et un retour en 2011 avec Le Fantôme De Gustav. Il aura donc fallu attendre à nouveau six années pour que le groupe grenoblois passé en trio revienne nous hanter de leur musique singulière. Et au niveau des concerts, c'est également la discrétion que Owun cultive. Owun a donc tout du secret bien gardé et c'est bien dommage.
2.5 continue de labourer le champ sonore du précédent disque en allant encore plus profondément dans les méandres d'une musique étrange et portée sur les atmosphères obsessionnelles. Les coups de butoir, les déflagrations semblent moins présents mais la tension est là, toujours prégnante. Et un peu flippante à l'instar du morceau d'ouverture i.a. Deux lettres énigmatiques qui œuvrent dans la répétition crescendo et stressante débouchant sur un essaim d'abeilles bourdonnantes qui vous rongent de l'intérieur. Le ton est donné. Foul enchaîne et possède également la capacité à rendre fou. Alors que le début est assez rythmé, noise et dynamique, toute la seconde moitié joue la carte de la boucle avec une mélodie et une ambiance évoquant une musique de film un peu surannée et décalée. Le voile gris modifie la réalité. Les ronds blancs se répètent à l'infini. Jeu de miroir des ronds noirs qui répondent, se superposent, désorientent. Tentative d'hypnose, troubles sensoriels. 2.5 angoisse.
Et enfonce le clou avec des titres encore plus longs, plus aliénants comme les dix minutes de l'épique et dense Tom Tombe ou la fausse torpeur de All Of Us côtoyant les affres d'un Zëro qui n'aurait pas oublié d'être tendu. Et ça continue avec Araignée qui vous attrape dans sa toile toute cotonneuse ou Frost et Post, deux compos beaucoup plus martelées, bruyantes et convulsives mais qui font aussi tourner en bourrique. Et à ce rythme là, on touche du doigt la limite de 2.5. Un caractère trop systématique de la répétition, de la boucle infernale qui confine à la folie et explosant dans des nappes bruitistes pour un album qui se révèle au final un brin moins captivant et varié que son prédécesseur, plus cérébral et moins organique. Impression que les douze minutes finales ambitieuses, contrastées et un rien longuettes de Raison viennent confirmer.
Mais la démarche, la recherche de sonorités nouvelles, l'expérimentation, les climats addictifs dans leur ensemble, l'esthétique générale qui plonge dans un monde parallèle troublant sont à saluer. 2.5 ne livre pas tous ses secrets et Owun reste à groupe à part dans le paysage et mériterait d'être largement plus exposé à la lumière.

SKX (31/03/2017)